L’abstention, meilleure alliée du FN ?

 L’abstention, meilleure alliée du FN ?

JACQUES DEMARTHON / AFP


Il est le 1er parti de France et a encore de beaux jours devant lui. Même si la majorité des candidats malheureux du 1er tour ont appelé à faire barrage à Marine Le Pen, nombreux sont les citoyens qui hésitent voire qui refusent de choisir et, donc, qui déserteront l’isoloir le 7 mai.


Les commentateurs et autres analystes se succèdent sur les plateaux pour se féliciter d’un taux d’abstention légèrement supérieur à celui de 2012. On aurait limité la casse. « L'incertitude sur l'issue du scrutin aura suffi à mobiliser les Français », peut-on lire ce matin sur le site des Echos. Les sondages se seraient heureusement trompés sur cette question, puisque de nombreux instituts tablaient, il y a encore quelques jours, sur un chiffre a priori nettement plus élevé.


Selon des données qui ne sont pas encore définitives, entre 22 et 23% des inscrits ne sont pas allés voter. C’est un peu plus que lors du 1er tour de la dernière élection présidentielle : en 2012, l’abstention atteignait 20,52%. Mais c’est beaucoup moins qu’en 2002, année « record » pour le 1er tour, avec 28,4%.

 


#SansMoiLe7Mai



La grande question est désormais de savoir ce que le second tour va donner en matière d’abstention. Nombreux sont celles et ceux qui annoncent refuser de choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, « L’Etre et le Néant », peut-on lire sur les réseaux sociaux. Il n’est plus question de Front Républicain pour beaucoup de militants qui ont « déjà donné » en 2002.


Le #SansMoiLe7Mai est en Top Tweet depuis hier soir. A ceci vient s’ajouter le fait que Jean-Luc Mélenchon n’a pas donné de consigne de vote pour le second tour.


A supposer, au passage, que les électeurs suivent scolairement les indications données par le candidat qu’ils ont choisi au premier tour. Une irresponsabilité dramatique, et une grande première à gauche, pour certains. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, parle d’une « faute ».


Ce serait en revanche un choix logique pour d’autres vu que leader de la France Insoumise préfère attendre la consultation de ses militants avant de se prononcer.


Difficile d’imaginer les électeurs de Jean-Luc Mélenchon glisser un bulletin dans l’urne pour celui qui a mis en place la loi Travail, contre laquelle ils se sont tant battus. Dilemme d’autant plus complexe à régler que le programme du candidat de la France Insoumise prévoit le vote obligatoire



Mouvement des bureaux d’abstention



Et à côté de ces choix politiques complexes, il y a ceux qui ont milité clairement pour l’abstention, dès le premier tour. Hier, des citoyens ont installé, notamment sur le Champs de Mars et la Place de la République à Paris, un « bureau d’abstention », où les passants ont pu glisser un bulletin symbolique « Je m’abstiens ».


C’est l’initiative du mouvement des Bureaux d’abstention, qui revendique 1 300 inscrits à travers la France. Pour Antoine Peillon, auteur de « Voter, c’est abdiquer », paru aux éditions Don Quichotte, les abstentionnistes sont aujourd’hui en grande majorité très politisés… on l’aura compris, contrairement aux idées reçues.


Chloé Juhel