La culture berbère célébrée au Café Bavard
(Re)découvrir la culture berbère, tel est l'objet du prochain Café Bavard, scène ouverte concoctée par le comédien et conteur, Moussa Lebkiri. Placé sous le signe de l'émergence de nouveaux talents, le Café Bavard aura pour invitée d'honneur la Kabylie. Artistes, personnalités sportives, universitaires seront réunis dimanche (14 mai) pour une immersion dans une culture pas aussi connue que l'on pourrait le croire.
Idir, et bien plus
« En France, on ne connaît pas grand chose de la culture berbère. On la connaît à travers le grand
Idir » confie Moussa Lebkiri. Ce dernier déplore la méconnaissance de la culture kabyle qui, pourtant, est implantée en France depuis le début du siècle dernier : « Chez les Kabyles, et les
Berbères, il y a des artistes connus : Dany Boon, Daniel Prévost et bien d'autres. Leurs parents
ont fait partie de la première vague d'immigration de kabyles dans les années 30 ».
Pour la soirée au Café Bavard, plusieurs invités ont été conviés à partager cette culture, leur culture et notamment Ali Amran, « grand nom de la chanson moderne, une sorte de nouveau Idir » complimente l'organisateur de la soirée. Plus, que de simplement présenter la culture berbère, avec cet événement, ce dernier avoue rechercher également un autre but : « Je voulais marquer le coup aussi, en prenant une salle parisienne, le Réservoir, qui n'est pas cataloguée, y amener la culture berbère et faire se rencontrer les deux publics. Habituellement, le public du Café Bavard est simplement français, les Kabyles ne viennent pas. L'idée c'est d'amener de la culture française et de la culture berbère ». Faire se rencontrer deux mondes qui, malgré presque un siècle de vie en commun, ont encore des choses à apprendre l'un sur l'autre.
Revendiquer la culture berbère
Revendiquer sa culture peut être un acte politique, ce qui n'est pas sans risques. Egalement invité au Café Bavard, le chanteur Ferhat Mehenni, plus connu pour son action en faveur de la reconnaissance de la culture kabyle mais surtout pour l'indépendance de la Kabylie : « Il avait été emprisonné dans les années 80 parce qu'il est la figure de proue de la revendication de la langue berbère et de la culture. A une époque, parler en berbère ou en Kabyle en Algérie, c'était subversif. Aujourd'hui les temps ont changé, mais il y a encore des discriminations » précise Moussa Lebkiri.
Aujourd'hui, Ferhat Mehenni, grande figure de la lutte berbère, est le président du Gouvernement provisoire kabyle (GPK) créé en 2010, à Paris, mais également du Mouvement d'autodétermination de la Kabylie (MAK).
« Il [Ferhat Mehenni, ndlr] est interdit de territoire, il ne peut plus rentrer en Algérie » explique l'organisateur du Café bavard. L'événement sera donc festif, fait de rencontres, de rires, d'apprentissage de l'autre pour affirmer et faire connaître une culture qui fait légitimement partie du paysage culturel en France et qui lutte pour sa spécificité.
CH. Célinain
Le Café Bavard, invitée d'honneur la Kabylie, dimanche 14 mai à 17h30, au Réservoir, 16 rue de la Forge Royale (Paris 11e).