Gauche ou droite ? Édouard Philippe se revendique « homme de droite »
Au lendemain de son investiture, Emmanuel Macron nomme Édouard Philippe, le député-maire LR du Havre, au poste de premier ministre. Présenté comme un candidat de gauche durant toute la campagne présidentielle, le nouveau locataire de l’Élysée lève donc les derniers doutes sur l’orientation qu’il compte donner à sa politique. D’autant plus que le chef du gouvernement fraichement nommé se revendique « homme de droite ».
Un conservateur à Matignon
Après avoir débuté sa vie militante au Parti socialiste, Édouard Philippe revendique aujourd’hui être un « homme de droite », soucieux avant tout de « l'intérêt général ». Ses prises de position au Palais Bourbon confirment ce profil conservateur.
Il a notamment refusé de voter la loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes en janvier 2014. Ce texte visait à combattre les inégalités dans plusieurs domaines : égalité professionnelle, lutte contre les violences faites aux femmes, congé parental pour les pères, parité en politique, etc. De même, il n’a pas voté la loi Taubira ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. Sur la question des migrants, il prône l’expulsion des personnes en situation irrégulière « dans de bonnes conditions ».
Le député-maire a toutefois refusé de voter la révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité et s’est montré critique du projet de loi sur le renseignement adopté dans la foulée des attentats de janvier 2015.
Politique à majorité variable
À 46 ans, cet élu de droite et fidèle d'Alain Juppé, dont la nomination était pressentie, devient le plus jeune chef de gouvernement depuis Laurent Fabius en 1984. Politiquement, Emmanuel Macron s’adapte au rapport de force qu’il pronostique à l’issue des législatives du mois de juin.
Préparant une poussée de la droite, il tente de rallier à lui ceux qui sont le plus compatibles avec sa position qu’il affirme centriste, notamment les déçus de la campagne de François Fillon. La République en marche ne pouvant pas espérer conquérir la majorité à l’issue des prochaines législatives, il s’agit là de trouver des alliés en vue de former un gouvernement stable. Une vingtaine d'élus LR et UDI, dont des juppéistes et lemairistes, ont d’ailleurs jugé que leurs familles politiques « doivent répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron, qui vient de nommer Premier ministre Édouard Philippe, issu de leurs rangs.
À gauche, les réactions n’ont également pas tardé à appeler à la mobilisation pour les élections législatives du mois de juin. « Maintenant c'est clair: avec un Premier ministre de droite, le Parlement a besoin de gauche », a tweeté je premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. « La place de la gauche n’est ni dans son gouvernement ni dans la majorité qui pourrait le soutenir », a réagi sur Facebook Benoit Hamon, le candidat socialiste à la présidentielle.
Rached Cherif