Une croissance économique inattendue de 2,1% au premier trimestre
La croissance économique de la Tunisie s'est accélérée au premier trimestre 2017 pour s’établir à 2,1%, contre 0,9% au trimestre précédent. C’est ce que révèlent les résultats préliminaires du PIB pour le 1er trimestre 2017 publiés le 15 mai 2017 par l’Institut national des statistiques. Une aubaine pour le gouvernement Chahed qui n’en attendait pas tant.
Lundi et mardi 15 et 16 mai, les représentants gouvernementaux dont le conseiller économique de Youssef Chahed paradent sur les plateaux TV, et pour cause : commentant ces résultats, la présidence du gouvernement relève qu’il s’agit du plus haut taux de croissance enregistré par la Tunisie depuis 2011 année de la révolution. La Kasbah estime que « ce taux reflète les efforts du gouvernement à booster les moteurs de la croissance, un engagement pris par le chef du gouvernement Youssef Chahed lors du vote de confiance du Parlement ». Elle note au passage que ce taux peut s’améliorer sous condition de sauvegarder la paix sociale et la stabilité politique et sécuritaire du pays.
Mais peut-on croire le discours gouvernemental sur parole ? Arrivé aux commandes du pouvoir exécutif en septembre 2016, le gouvernement Chahed recueille sans doute en partie les fruits de son prédécesseur, le gouvernement Essid, auquel appartenait certes Youssef Chahed en tant que ministre.
Seule ombre au tableau d’après l’INS, le secteur en baisse de régime est celui des industries manufacturières avec -1,1%. Les autres secteurs sont dans le vert. Ainsi l’agriculture et la pêche enregistrent un hausse de 4,9%, celui des services marchands 3,4%, celui des services non marchands 0,6% et celui des industries non manufacturières 0,2%.
« La corruption nous coûte 4 points de croissance »
Un autre ministre du gouvernement Chahed jouissant d’une certaine liberté de parole, a tempéré ces réussites aujourd’hui. « La corruption est un phénomène qui menace la souveraineté de l’Etat et détruit l’économie nationale”, a souligné lundi Ghazi Jeribi, ministre de la Justice, ajoutant qu’elle « menace même la construction démocratique et affaiblit l’Etat », à l’ouverture des premières journées franco-tunisiennes de lutte contre la corruption organisées à l’Institut Français de Tunisie les 15 et 16 mai courants.
Présent également, Chawki Tabib, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), a souligné que la corruption coûte à la Tunisie 4 points de croissance et une perte substantielle au niveau des recettes de l’Etat à cause de l’économie informelle. « Cette question est au cœur des défis de notre pays puisque le peuple tunisien, à travers la société civile et les médias, n’a de cesse de réclamer des actes concrets et des résultats et non des discours et des déclarations d’intention », a-t-il déploré.
Malgré l’adoption en décembre 2016 d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption et la bonne gouvernance et son inscription dans le pacte de Carthage comme « priorité nationale », il reste beaucoup à faire pour atteindre le potentiel de la Tunisie estimé idéalement à plus de 6% de croissance annuelle.
Vendredi 19 mai, l’Instance Vérité & Dignité consacrera pour la première fois une séance d’audition publique au thème de la corruption.
Seif Soudani