La démission de Sarsar effective à partir du 17 mai, sur fond de « mauvaise gestion » de l’ISIE
Le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), Chafik Sarsar, a annoncé que sa démission et celle de deux autres membres, dont son vice-président, sera examinée aujourd’hui mercredi 17 mai par le Conseil de l’ISIE, actée de facto, faute d’avoir pu négocier une sortie de crise de cette institution garante du bon déroulement démocratique et transparent des élections en Tunisie.
« La plupart des membres de l’instance se sont absentés durant la réunion du lundi 15 mai 2017 », a regretté Sarsar, non sans une certaine langue de bois. « La majorité » en question, ce sont en effet en réalité les cinq membres dissidents du Conseil (trois nouveaux + deux anciens), qui par ce boycott de la réunion de la dernière chance persistent et signent donc dans leur défiance.
Cette réunion avait été programmée dans le but de s’accorder sur les principes généraux du travail au sein de l’Instance, via notamment une charte appuyée par l’une des démissionnaires, la juge Lamia Zargouni, qui avait en outre précisé que les trois démissions qui ébranlent l’ISIE « ne consistent pas en une démission collective à proprement parler, car chacune a ses propres raisons ».
Ces absences ont quoi qu’il en soit résulté en l’annulation de la réunion, suivie d’un cafouillage en matière de communication : un énième communiqué a ainsi annoncé que la démission serait en tout état de cause examinée le 17 mai.
Au passage Chafik Sarsar dénonce « le manque de sérieux des membres de l’ISIE qui ne cherchent pas à trouver un terrain d’entente ». Le président démissionnaire de l’ISIE annonce l’application de la loi n°16 et notifiera l’Assemblée des représentants du peuple pour remplacer ces trois vacances.
Rapport accablant de la Cour des comptes
Rendu public le 11 mai, le premier rapport de la Cour des comptes dont fait l’objet l’ISIE est venu jeter un peu plus le trouble sur les véritables raisons de la démission de la présidence de l’Instance.
Ce rapport qui concerne l’exercice 2014 révèle en effet plusieurs infractions au niveau financier et administratif, qualifiés de « mauvaise gestion », sans aller jusque la corruption, mais accablants s’agissant de la dilapidation des deniers publics, d’après la magistrat Fadhila Gargouri.
De son côté Moez Bouraoui, devenu lui-même cette semaine ex président de l’ATIDE, l’une des principales ONG d’observation des élections depuis 2011, a insisté sur le fait que « tout retour sur la décision de démission de Chafik Sarsar ne pourrait aboutir qu’à une aggravation de la crise ». L’homme invite la société civile et les politiques à « laisser partir le président de l’ISIE », du moins de respecter son choix, afin de rompre avec la culture du plébiscite des personnes. Une façon de signifier que l’intérêt supérieur des institutions doit prévaloir sur les considérations affectives.
Jusqu’ici relativement épargnée par les crises, et plusieurs fois récompensée à l’international (classée au top 20 des institutions de ce type dans le monde), l’ISIE mettra sans doute plusieurs années avant de retrouver une crédibilité et une exemplarité déjà durablement entachées.
S.S