Fin de la grève de la faim pour les prisonniers palestiniens

 Fin de la grève de la faim pour les prisonniers palestiniens

Peinture murale de Marwan Barghouti


Une bonne nouvelle. Les centaines de prisonniers palestiniens qui observaient une grève de la faim depuis le 17 avril dans des prisons israéliennes pour améliorer leur conditions de détention de vie ont mis fin à leur mouvement, ont indiqué samedi des sources palestiniennes et israéliennes.


La grève a été suspendue à la suite d'un accord conclu entre les représentants des prisonniers et les autorités israéliennes, a indiqué à l'AFP le président du Club des prisonniers Qaddura Farès. Une porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne a confirmé à l'AFP la fin de la grève. Selon elle, l'accord prévoit que les prisonniers auront droit à deux visites par mois contre une avant le début de la grève. Cette revendication était une des principales présentées par les grévistes. La fin de la grève, qui était observée par plus de 800 détenus selon l'administration pénitentiaire, coïncide avec le début samedi du ramadan, le mois de jeûne musulman. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait demandé une médiation américaine afin de mettre fin à ce mouvement initié par Marwan Barghouthi.


L'accord prévoit que les prisonniers auront droit à deux visites par mois contre une avant le début de la grève. Il s'agissait de l'une des principales revendications des grévistes. "Le CICR est prêt à aider pour organiser une deuxième visite" par mois, a indiqué son porte-parole Jesus Serrano. Il s'est félicité de la fin de la grève car son organisation, la seule à visiter les détenus, était "inquiète de la détérioration de l'état de santé des grévistes". Une trentaine d'entre eux ont été hospitalisés ces derniers jours en raison de la détérioration de leur état de santé, selon l'administration pénitentiaire. Les détenus réclamaient aussi des téléphones publics dans les prisons, la fin des "négligences médicales" et des mises à l'isolement, ainsi que l'accès à des chaînes télévisées et de la climatisation. Ils n'ont pas obtenu les téléphones publics, selon la porte-parole de l'administration.


Les Palestiniens ont proclamé la "victoire" et loué "l'épopée de la dignité et de la liberté" à l'issue d'une des grèves de la faim les plus longues de l'histoire du mouvement des prisonniers. Sur la place Yasser Arafat à Ramallah, où siège l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, des dizaines de proches, en majorité des mères et des filles de détenus, ont convergé vers la tente de soutien aux grévistes de la faim, a constaté une journaliste de l'AFP.


Au milieu des youyous, Amal Abou Dalal a explosé de joie. "C'est le prisonnier qui a vaincu son geôlier! On est heureux, on a gagné", a lancé cette Palestinienne de 50 ans dont le fils de 33 ans a déjà passé 14 ans en prison. Fedwa, l'épouse de Marwan Barghouthi dont plusieurs capitales et le Parlement européen réclament la libération car ils estiment qu'il pourrait jouer un rôle dans les efforts de paix avec Israël, a salué auprès de l'AFP "la victoire de la résistance et de la dignité".


La grève était observée par plus de 800 détenus selon l'administration pénitentiaire qui a précisé qu'une trentaine d'entre eux avaient été hospitalisés ces derniers jours en raison de la détérioration de leur état de santé. Le CICR avait averti jeudi que les grévistes étaient entrés dans une phase "critique". "Les médecins du CICR ont rendu visite à tous les détenus en grève de la faim", avait déclaré le chef du département de la santé du CICR en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, Gabriel Salazar. "Nous sommes préoccupés par les éventuelles conséquences irréversibles sur leur santé. Du point de vue médical, nous entrons dans une phase critique", avait-il estimé dans un communiqué.


Les grévistes de la faim étaient issus de toutes les mouvances politiques palestiniennes, du Fatah aux partis de la gauche en passant par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Les Palestiniens ont multiplié les contacts internationaux depuis le début de la grève qui était menée dans différentes prisons israéliennes. Le président Abbas avait indiqué avoir notamment demandé jeudi à l'émissaire américain Jason Greenblatt, qu'il a reçu à Ramallah, en Cisjordanie occupée, d'assurer une médiation entre Palestiniens et Israéliens sur la question des prisonniers. M. Greenblatt s'est rendu à Ramallah deux jours après la venue en Israël et en Cisjordanie du président américain Donald Trump.


Ces prisonniers entendaient donner l'alerte sur les conditions de détention des 6.500 Palestiniens incarcérés par Israël, dont des dizaines de femmes et d'enfants, et dénoncer le système judiciaire israélien appliqué aux Palestiniens des Territoires occupés. Le sort des prisonniers est particulièrement sensible parmi les Palestiniens: plus de 850 000 d'entre eux (pour une population actuelle de 4,5 millions dans les Territoires) sont passés par les prisons israéliennes depuis le début en 1967 de l'occupation israélienne.


C'est comme si 20 millions de Français avaient été incarcéré en 50 ans….


(Avec AFP)


Nadir Dendoune