Adama Traoré était déjà mort à l’arrivée des secours, selon l’équipe du SAMU
Les expertises et contre-expertises médicales n’ont toujours pas permis de faire toute la lumière sur la mort d’Adama Traoré au moment de son arrestation par des gendarmes en banlieue parisienne en juillet 2016. Seules certitudes, le jeune homme est mort par asphyxie et sa famille, qui tient les forces l’ordre responsable, entend bien poursuivre son combat pour obtenir justice. Toutefois, on en sait un peu plus sur les circonstances grâce aux enregistrements des appels au SAMU, qui révèlent que les gendarmes n’ont pas correctement rapporté l’extrême gravité de la situation.
En arrivant sur les lieux, les médecins ne s’attendent pas à ce qu’ils trouvent : un jeune homme en arrêt cardio-respiratoire. C’est ce que révèle l’expertise technique sur les échanges du SAMU, révélés par l’Obs. Au téléphone avec leurs collègues, ils se disent « un peu surpris là, en fait », puisqu’ils ont été appelés pour une « crise convulsive, durée trois minutes » avec « antécédent épilepsie ». Les médecins n’auraient donc pas eu l’ensemble des informations leur permettant de tout mettre en œuvre pour le sauver. Ils estiment même avoir été « envoyés sur un faux truc », avec un « bilan » ne correspondant pas à la réalité.
« Le mec il convulse pas, il est mort, il est en arrêt […] on sort pas pour ça, on sort pour une crise convulsive […] Ça change tout, voilà », rapportent les médecins sur place. Adama Traoré serait donc mort avant leur arrivée. L’équipe du SAMU est toutefois consciente du caractère explosif de la situation et parle d’un « contexte un peu tendu parce que c’est une interpellation ».
Une erreur de jugement qui en s’ajoutant aux conclusions de la contre-expertise médicale, tend à valider la thèse d’une bavure. Alors que dans un premier temps, le procureur avait parlé d’une « une infection très grave » pour expliquer le décès, les médecins n’en ont pas trouvé trace et confirment une asphyxie. Or, lors de son arrestation sous des températures caniculaires, le jeune homme âgé de 24 ans avait été maintenu au sol sous « le poids des corps » de trois gendarmes.
Rached Cherif