Une délégation de l’UGTT bientôt en Syrie, pourquoi faire ?
Une délégation de la centrale syndicale tunisienne, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), se rendra mercredi prochain 26 juillet en Syrie, annonce le secrétaire général de l’organisation Noureddine Taboubi. Un soutien à peine voilé au régime de Damas, sur fond de polémique autour du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
« La visite intervient en application des décisions issues du dernier congrès de la centrale syndicale en janvier 2017 », a expliqué Taboubi dimanche, ajoutant que cette initiative vise à « réaffirmer le soutien de l’organisation au peuple syrien dans son combat contre le terrorisme »… Etrange paradoxe, lorsque l’on sait que l’organisation de la visite a fait l’objet d’une étroite coordination avec les autorités syriennes, officiellement « en vue de garantir la sécurité de la délégation qui sera composée de 25 dirigeants ».
En clair, après les visites de soutien au régime baathiste de partis souverainistes et nationalistes tunisiens, l’UGTT leur emboite le pas. Une logique qui illustre une fois de plus toute l’ambivalence de la gauche tunisienne, au même titre que d’autres gauches nationalistes arabes, dans son indulgence face aux crimes de guerre du régime syrien, au nom de l'anti impérialisme. Il s'agit aussi de reprendre à son compte la rhétorique officielle de « guerre contre le terrorisme » qui couvre en partie le massacre des civils syriens, ainsi que la négation de leur révolte.
Par ailleurs Taboubi a indiqué que le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie ne relève pas des prérogatives de l’organisation mais plutôt des institutions de l’Etat qui incarnent le pouvoir législatif et exécutif. « L’UGTT n’interfère pas dans ce dossier », a-t-il assuré. Pourtant, il s’agit bien de facto d’une ingérence spécifiquement dans les prérogatives du président de la République, via une forme de diplomatie parallèle de cette organisation nobélisée.
Pour rappel, l'Assemblée des représentants du peuple avait rejeté mercredi 19 juillet 2017 un projet de pétition demandant le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie, en ne recueillant pas le quorum nécessaire avec 68 voix favorables seulement, contre 27 abstentions et 6 voix contre.
Un groupe de députés avait présenté cette pétition en avril dernier, signée par quatre présidents de blocs parlementaires hétéroclites (Al Horra, Front populaire, l’UPL et Afek Tounes) pour demander le rétablissement les relations diplomatiques rompues début 2012 par l’ancien président de la République Moncef Marzouki.
« Le projet de pétition a été élaboré en partant du principe que la Tunisie est un pays membre de la Ligue des Etats Arabes, tout en se basant sur la promesse faite par l’actuel président de la République durant sa campagne électorale pour le rétablissement de ces relations », affirment les auteurs de la pétition. Un rétablissement qui n’est cependant plus dans les priorités de Carthage, d’autant que ses alliés d’Ennahdha y restent opposés.
S.S