Pays du nord et du sud de la Méditerranée à Tunis pour renforcer leur coopération sur la « crise migratoire »
Les représentants du groupe de contact sur la route migratoire en Méditerranée centrale ont convenu cette semaine à Tunis de renforcer leur coopération en matière de gestion des flux migratoires, en jugeant essentielle une stabilisation de la Libye.
Cette réunion, à laquelle ont participé les ministres de l’Intérieur ou autres représentants de la Tunisie, de la Libye, de l’Algérie, de la France, de l’Italie, de Malte et d’Allemagne notamment, en présence de l’Union européenne, a été élargie au Tchad, au Niger et au Mali. « Nous devons approfondir notre solidarité et notre responsabilité collectives. Un pays seul ne peut faire face à ce phénomène de migration, nous devons faire front ensemble », a dit lors de la réunion Dimitris Avramopoulos, commissaire européen à la migration.
« Nous devons nous engager ensemble pour résoudre » cette « crise migratoire d’une ampleur extrême », a renchéri le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb. Face au trafic de migrants, « l’approche ne peut être sécuritaire » uniquement. Elle doit être « globale, avec un grand aspect social, un grand aspect économique et souvent culturel », a de son côté nuancé le ministre tunisien de l’Intérieur, Hédi Majdoub.
L’Europe a les frontières les plus meurtrières du monde
La situation chaotique en Libye a été l’un des principaux points abordés, selon le commissaire européen. « Il est très important de rétablir la stabilité dans ce pays », a dit M. Avramopoulos. Le groupe de contact avait tenu sa première réunion ministérielle à Rome en mars, et doit de nouveau se retrouver en Suisse d’ici la fin de l’année.
Dans leur communiqué final, les ministres se sont accordés pour que leurs pays tentent de traiter « les causes profondes de la migration irrégulière » et pour « renforcer l’échange d’informations stratégiques et opérationnelles sur les réseaux criminels de traite des êtres humains et de trafic de migrants ». « L’Europe n’est pas une forteresse, elle est ouverte, mais » les personnes souhaitant s’y rendre « doivent suivre des procédures légales », a dit M. Avramopoulos.
Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdramane Sylla, a de son côté appelé les pays européens à « alléger (leurs procédures) de visa » pour permettre aux jeunes Africains qui en rêvent de se rendre en Europe. La fermeture croissante des frontières européennes, loin de contrer les mouvements de personnes, alimente l’activité des réseaux de passeurs, répètent la majorité des organisations militant pour plus d’ouverture des frontières. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 2 360 personnes sont mortes en tentant la traversée de la Méditerranée, faisant de cette dernière la frontière la plus meurtrière du monde depuis plusieurs années.
Rached Cherif