Vers une « stratégie globale » pour attirer les compétences tunisiennes à l’étranger
Le Chef du gouvernement Youssef Chahed a annoncé que le gouvernement d'Union nationale est en train d'élaborer une stratégie globale pour attirer les compétences tunisiennes à l'étranger et les associer à l'œuvre de développement et de modernisation du pays. Suffisant pour endiguer la « fuite des cerveaux » ?
« La Tunisie regorge aujourd'hui de jeunes compétences capables de lui décrocher une meilleure place dans le système mondial d'économie immatérielle si elles disposent des ressources nécessaires », s’est prévalu Chahed à l'ouverture d'une conférence sur les compétences tunisiennes à l'étranger baptisée « Tunisie 2030 -Recherche et Innovation : Notre voie vers les nouvelles technologies et les secteurs prometteurs ».
Le chef du gouvernement en appelle à « la responsabilité des établissements éducatifs et universitaires, les centres de recherche et de formation, l'administration et les entreprises économiques » dans l'instauration d'un environnement propice au développement des compétences individuelles et collectives, de manière à les encourager à créer et à innover dans tous les domaines scientifiques et techniques, un volet « R&D » (« Research and development »), primordial en Occident, mais qui reste l’un des parents pauvres de l’entreprenariat tunisien.
Le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi a de son côté souligné que le rapport de la Banque Mondiale (BM) relève une hausse sensible de la fuite des compétences vers les pays du nord au cours des dernières années. La Tunisie souffre également ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'importance depuis 2013, a-t-il précisé.
Il a par ailleurs rappelé que le rapport arabe sur le savoir (2009) basé sur l'indicateur de migration des cerveaux de la BM classe la Tunisie au premier rang des pays "expulseurs de compétences", juste après la Syrie qui arrive en tête.
« Nous sommes face à un enjeu majeur et devons adopter une nouvelle approche qui permette de transformer cette hémorragie en nouveau vaisseau pour notre économie et nos richesses », a-t-il insisté.
Le ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Slim Khalbous a pour sa part énuméré les lacunes et dysfonctionnements qui entravent ce domaine en Tunisie : bureaucratie dominante, structures de recherche très petites et pourtant censées être compétitives au niveau mondial, financement faible et insuffisant, et manque de valorisation socio-culturelle et économique de la recherche.
« Le principal défi pour notre pays consiste à créer des richesses, améliorer l'employabilité et impulser la croissance grâce à une dynamique d'innovation et de création », a-t-il plaidé. Il a dans ce sens souligné que son département créera de nouveaux mécanismes de liaison avec les structures nationales et les compétences tunisiennes à l'étranger.
Il s'agit notamment de lancer un réseau numérique réunissant toutes les compétences à l'étranger, de mettre en place un système favorisant les échanges et la coordination entre les structures universitaires et de recherche et les entreprises tunisiennes d'une part, et les structures professionnelles qui accueillent les compétences tunisiennes à l'étranger. Le ministère tente également d'intégrer le plus grand nombre de compétences tunisiennes à l'étranger dans le programme national de réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Le ministre des Affaires étrangères Khemaïs Jhinaoui a aussi évoqué l'impératif d'actualiser la liste des compétences tunisiennes à travers le monde en collaboration avec les divers ministères, les ambassades et les consulats « afin qu'elles participent au rayonnement de l'image de la Tunisie et fassent la promotion de l'expérience tunisienne de transition démocratique ».
Il a à cet égard proposé de créer une instance nationale de collecte d'informations et de communication permanente avec les compétences tunisiennes à l'étranger pour les associer aux programmes planifiés et en cours d'exécution en Tunisie.
S.S