Vote de confiance à l’ARP, plus qu’une formalité, un test politique pour Chahed

 Vote de confiance à l’ARP, plus qu’une formalité, un test politique pour Chahed

Adepte de la communication via Twitter


La séance plénière de vote de confiance à la nouvelle composition du gouvernement Chahed, qui se tient en session extraordinaire, a démarré lundi matin à l’Assemblée avec plus d'une heure de retard. Seulement 150 députés sur 217 étaient présents, selon l’ONG al Bawsala. « Guerre contre le terrorisme, guerre contre le chômage, guerre pour le développement », tel est le mot d’ordre de la prochaine étape, a assuré Youssef Chahed, en difficulté pour justifier l’utilité de ce remaniement.



Contrairement à de précédents remaniements, chaque membre de la nouvelle équipe gouvernementale devra cette fois faire l’objet d’un vote individuel des députés, a expliqué Mohamed Ennaceur en ouverture de la séance.


La séance plénière, qui se tient durant les vacances parlementaires qui ont débuté fin juillet, a été convoquée sur la base des dispositions des articles 57 et 89 de la Constitution relatifs à l’organisation d’une séance extraordinaire et à la composition du gouvernement.


Sur fond d’aggravation de la crise économique Ennaceur a notamment insisté sur le fait que le pays « a plus que jamais besoin d’unifier les efforts de toutes les forces vives et de resserrer les rangs ».


Une « union nationale » obsolète 


En guise d’entame de son allocution, Youssef Chahed a pour sa part affirmé : « Nous avons tenu à préserver l'esprit d'unité nationale et le large consensus politique consacré par le Document de Carthage ». Pourtant, que reste-t-il de cette idée d’union, au fondement de la première mouture de son gouvernement ?


Pas grand-chose, à en croire les anciens alliées députées d’Afek Tounes, Rym Mahjoub et Hager Ben Cheikh Ahmed, qui tour à tour ont fustigé un gouvernement comptant parmi ses membres des « éléments soupçonnés de corruption », une allusion notamment à Mehdi Ben Gharbia. « Ce gouvernement ne contient pas votre empreinte, à laquelle vous nous aviez habitué, a renchéri Ben Cheikh Ahmed. Il est manifestement le fruit du diktat et des pressions politiques que vous subissez ».


Véritable « elephant in the room », les ministres dits technocrates issus de l’ère Ben Ali, dont Hatem Ben Salem, l’un des propagandistes de l’ex régime à l’étranger, de retour au ministère de l’Education nationale, ont également fait l’objet du courroux des députés du Front populaire, qui ont par ailleurs dénoncé un discours de politique générale « dicté par le FMI ».  


Grand orateur, le député du Front Populaire Ammar Amroussia a quant à lui décrit un "gouvernement de guerre… menée contre le peuple tunisien", tout en s'amusant que le fils du président de la République soit désormais candidat pour un siège de député. 


Le chef du gouvernement avait effectué mercredi dernier un remaniement partiel touchant 13 ministères et 7 secrétariats d'Etat, en se basant sur les articles 92 et 89 de la Constitution relatives aux prérogatives du chef du gouvernement. Or, en atteignant vingt au total, le nombre des postes concernés ne permet plus vraiment de parler de remaniement partiel.


Pour obtenir la confiance de l’Assemblée, il sera nécessaire de recueillir la majorité absolue des membres, soit 109 voix, conformément à l’article 140 du règlement intérieur de l’ARP, au terme du marathon que constituera le vote individuel pour certains ministres controversés, à l’image de ceux proposés à l’Intérieur et aux Finances, respectivement Lotfi Brahem et Ridha Chalghoum. Nous y reviendrons.


 


S.S