Le collectif Hameb appelle à un rassemblement au Trocadéro ce samedi pour dénoncer le massacre des Rohingyas en Birmanie
Le collectif Hameb est né peu de temps après les massacres des Rohingays survenus en juin 2012. "On s'est rencontré dans des manifestations et on s'est tout de suite dit qu'il fallait qu'on agisse. On avait l'impression que le sort de cette minorité musulmane n'intéressait pas grand monde", se souvient Belinda, l'une des porte-parole. Les musulmans représentent 5 % de la population birmane, soit cinquante et un millions d’habitants.
Les Rohingyas sont devenus à partir de 2012 la cible de Rakhines bouddhistes, l'ethnie dominante dans la région de l’Arakan. Le plus connu d'entre eux, le moine extrémiste Ashin Wirathu, comparé par certains à Hitler. Avec son mouvement 969, ce dernier assure vouloir "protéger l’identité bouddhiste".
Depuis le 25 août dernier, près de 400 000 Rohingays auraient fui la Birmanie pour aller trouver refuge au Bangladesh. Afin de dénoncer les atrocités et exiger l'intervention de la communauté internationale, le collectif Hameb appelle donc à un rassemblement ce samedi 16 septembre, sur le parvis des Droits de l'homme au Trocadéro, à 14h.
LCDL : Parlez-nous de votre collectif.
Belinda : Ce collectif est composé d'abord de citoyens, des salariés, des étudiants, des chômeurs, des militants de droit de l'homme, des entreprises de bienfaisance… Il y a aussi quelques associations à nos côtés.
Le collectif compte aujourd’hui une cinquantaine de membres actifs bénévoles, répartie sur plusieurs antennes en France, en Belgique, en Suisse et au Canada. Notre but est de dénoncer les atrocités et de sensibiliser la population sur les conditions de vie des minorités ethniques en Birmanie.
Nous organisons des conférences, des rassemblements. Il y a aussi une veille informationnelle, avec la publication d’articles sur les réseaux sociaux traitant de l’actualité Rohingya et des autres minorités ethniques.
Sur place, et aussi dans les pays voisins où il y a des camps de réfugiés, nous essayons d'apporter une aide humanitaire. Des membres du collectif se rendent deux fois par an en Birmanie afin d'acheminer des denrées alimentaires, mais aussi régulièrement en Malaisie pour par exemple finaliser la construction d’un orphelinat destiné aux enfants Rohingyas réfugiés.
Le sort des Rohingyas commence enfin à intéresser la communauté internationale…
C'est vrai. Mais cela reste tout de même très timide vu les atrocités commises sur place. Villages incendiés, des hommes, des femmes, des enfants massacrés, torturés… Les conflits interreligieux dans ce pays ne datent pas d’aujourd’hui et les conditions de vie de certaines minorités ethniques et religieuses sont plus qu’alarmantes. D'autres minorités ethniques, comme les Karen, les Chins ou les Kamans sont également persécutées. C'est important de le rappeler. Notre collectif ne dénonce pas que le sort réservé aux Rohingyas.
Comment jugez-vous la réaction du Prix Nobel de la paix Aung San Su Ki ?
No comment ! Honteux ! La preuve sans doute qu'elle ne dirige pas vraiment ce pays et que c'est toujours la junte militaire qui décide de tout en Birmanie. Les Rohingyas ne sont pas considérés comme des Birmans à part entière. Depuis 1982, les Rohingyas ne sont plus officiellement birmans. Ils sont apatrides.
Comment expliquez-vous le peu d'intérêt pour le sort des Rohingyas ?
Déjà par une totale méconnaissance de ce qu'il se passe là-bas. C'est loin. Les gens ne se sentent pas concernés.
Et aussi parce que ce sont des musulmans ?
Au Congo, il y a eu près de 6 millions de morts, dont une immense majorité de chrétiens, et on en a très peu parlé.
Propos recueillis par Nadir Dendoune