Un pont pour relier la Tunisie à l’Italie est-il réaliste ?
« L’autoroute de la mer » entre le Cap Bon et la Sicile refait parler d’elle et ses contours se précisent. Membre de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens et ingénieur en aérospatiale, Amel Makhlouf a annoncé que lors d’une séance de travail au siège de l’Ordre, le cahier des charges concernant l’étude des projets de construction d’un pont reliant la Tunisie et l’Italie ainsi que l’élaboration de quatre îles artificielles a été approuvé. Est-ce bien réaliste, et à quel prix ?
Baptisé « Tuneit » selon le site dédié, le projet coûterait la bagatelle de 100 milliards de dollars… Amel Makhlouf a révèlé le 19 septembre que le pont reliera la région d’El Haouaria à la Sicile. Long d’environ 145 kilomètres, l’édifice écologique sera ponctué par plusieurs îles artificielles « capables de fournir de l’énergie renouvelable ».
Le pont serait également composé de quatre à cinq tronçons de 30 kilomètres chacun, dont la première partie sera souterraine, à l’image des rares équivalents les plus modernes en Occident.
Un projet pharaonique donc, et dont le coût estimé serait selon Makhlouf amorti par la Banque africaine de développement (BAD) qui s’est dite disposée à apporter son soutien financier au projet, malgré son récent désengagement de la Tunisie où elle conservait son siège jusqu’en 2015. L’Union africaine prépare ainsi une enveloppe globale de trois millions de milliards de dollars.
Une question demeure cependant, sans plus de réponses à ce jour : celle de la position politique de l’Italie mais surtot de l’Union européenne concernant un projet susceptible d’influer négativement sur l’immigration clandestine.
Utopie à contre-courant de la politique de l’érection de murs aux frontières dans le monde entier ? Beaucoup de Tunisiens restent sceptiques, mais dont Amel Makhlouf et Enzo Siviero, ingénieur italien partenaire et recteur d’université, ont fait leur credo. Wait and see…
S.S