La cantine scolaire : miroir des inégalités sociales à l’école

 La cantine scolaire : miroir des inégalités sociales à l’école

Les élèves issus de familles défavorisées sont deux fois plus nombreux à ne pas manger à la cantine que ceux issus de familles favorisées.


Les élèves français ne sont pas tous égaux devant la cantine, selon une enquête du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) rendue publique ce mardi. Ceux issus de familles défavorisées sont deux fois plus nombreux que les autres à ne pas y manger, sans doute pour des raisons financières, souligne le rapport.


Contrairement à certains pays comme la Norvège ou le Danemark, la quasi-totalité des collèges et lycées en France propose un service de restauration scolaire. Aujourd’hui, seuls 30 % des collégiens ne sont pas inscrits à la cantine, contre 45 % il y a vingt ans, indique cette enquête du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco).


« Il y a eu une amélioration incontestable de la cantine au cours des 40 dernières années », relève Nathalie Mons, présidente du Cnesco. « Le problème, c’est que tout le monde n’y a pas accès ». Or ce service semble « crucial pour les enfants, notamment les plus défavorisés », à plus d’un titre : « des déjeuners nourrissants et équilibrés ont un impact sur la capacité de concentration des élèves », le recul de l’obésité ou les absences liées aux maladies. Mais, la cantine constitue aussi « un lieu de socialisation ».


 


Un cout important et des grilles tarifaires peu adaptées


En moyenne au collège, les élèves issus de familles défavorisées sont deux fois plus nombreux (40 %) à ne pas manger à la cantine que ceux issus de familles favorisées (22 %) et très favorisées (17 %). Des raisons économiques expliquent partiellement cette situation. En effet, en France, seuls 40 % des chefs d’établissement déclarent que des tarifs spécifiques – décidés par les collectivités locales – sont appliqués aux plus démunis. Seuls 22 % des établissements en France proposent une grille pouvant aller jusqu’à la gratuité, alors que la restauration scolaire est un service gratuit en Finlande ou en Suède par exemple.


L’enquête du Cnesco révèle que le prix moyen d’un repas facturé aux familles est de 3,30 euros, un tarif certes « nettement inférieur aux coûts réels », mais non négligeable pour des familles défavorisées. Ces familles peuvent recevoir une aide grâce à des bourses des collectivités territoriales, mais les procédures sont « lourdes et donc potentiellement dissuasives ».


D’après l’enquête du Cnesco, les menus ne sont en outre pas toujours adaptés aux habitudes alimentaires des élèves : 63 % des collèges et lycées proposent un choix entre au moins deux plats principaux. Mais lorsqu’un élève ne consomme ni viande ni poisson, une alternative végétarienne n’est proposée que dans 17 % des établissements interrogés.


Rached Cherif