Le schiste de la discorde, à nouveau sur la table
Confronté à de graves difficultés financières, le gouvernement algérien a décidé de recourir à l’exploitation du gaz de schiste au risque de faire sortir à nouveau dans la rue la population d’In Salah, une ville de l’extrême sud algérien, qui s’était énergiquement opposée, en 2015 et 2016, à cette option.
Lors de sa visite dimanche 1 er octobre à Oran, le Premier ministre algérien a assuré que son gouvernement « encourage l’exploitation du gaz de schiste ». «Il ne s’agit pas là d’une démarche aventurière mais d’une option visant à garantir l’avenir du pays en matière énergétique », a-t-il soutenu. Et d’ajouter : « l’exploitation des hydrocarbures de schiste ne signifie ni l’ouverture de la porte de l’enfer, ni aller à l’aventure. Bien au contraire, elle va garantir la poursuite de la promotion des revenus nationaux dans le domaine de l’énergie ».
Un discours qui ne convainc pas trop les habitants de In Salah qui menacent de reprendre la protestation. « Le Premier ministre et son gouvernement doivent savoir que les citoyens d’In Salah campent toujours sur leurs positions concernant l’exploitation et même l’exploration du gaz de schiste dans la région. Ils sont prêts, si besoin est, à tout pour faire barrage à cette option que le gouvernement ne semble pas vouloir lâcher », a confié au journal francophone Liberté, un membre influent du comité citoyen de cette ville.
« Je défie quiconque parmi les responsables de Sonatrach ou du gouvernement que je suis personnellement prêt à affronter sur un plateau télé ou ailleurs pour débattre de cette question. Et je reste persuadé que personne ne pourra convaincre les citoyens sur l’exploitation du schiste au vu des dangers qu’il présente autant sur l’environnement que sur la santé humaine », a pesté un autre militant anti-gaz de schiste.
« Nous avons déjà clairement dit au gouvernement, à l’occasion des manifestations de 2015, que nous restons foncièrement opposés à l’exploration, encore moins à l’exploitation du gaz de schiste dans notre région, mais il ne veut pas, semble-t-il, nous écouter. Qu’il assume désormais ses responsabilités », s’est-il encore emporté.
Les partis politiques sont, eux, partagés, sur cette question de l’exploitation du gaz de schiste. Farouchement opposé à cette option, Abderrezak Makri, ex-président du parti islamiste le Mouvement pour la société de la paix (MSP), a écrit sur sa page facebook : « « Après la destruction de l’environnement, c’est la souveraineté nationale du pays qui serait mise en danger ». « L’exploitation du gaz de schiste est la solution la plus facile trouvée par le pouvoir pour se maintenir en place à travers la révision de la loi sur les hydrocarbures pour attirer des investisseurs dans le domaine de l’énergie », s’est-il élevé.
En revanche, le Front des forces socialistes (FFS) ne voit pas d’un mauvais œil l’exploitation du gaz de schiste en la présentant, par la voix de son chargé de communication, comme « une question d’intérêt stratégique qui fait partie de la politique énergétique que devrait avoir le pays». La seule condition posée par le parti crée par Hocine Ait Ahmed est que la question fasse l’objet d’« un consensus national ».
Yacine Ouchikh