Grogne sociale : Kébili s’embrase

 Grogne sociale : Kébili s’embrase


Des manifestants ont incendié ce jeudi 12 octobre le siège de la délégation de Souk Lahad (gouvernorat de Kébili) ainsi que la résidence de fonction du délégué, non loin du premier incendie. Il s’agit des émeutes les plus violentes depuis 2013 en Tunisie.


Selon des témoins présents sur place, des émeutiers se sont rassemblés près de la délégation en fin de matinée, bloquant l’artère principale de la région. D’autres jeunes les ont rejoint avec des bidons d’essence et ont incendié les locaux. Ils se sont ensuite dirigés vers le poste de la Garde nationale, qui se trouve à proximité, pour y mettre le feu également. Les protestataires ont cependant été interceptés par les renforts anti émeutes dépêchés sur les lieux et qui ont dû à les disperser en usant de gaz lacrymogène.


 


Menace d’une contagion


Selon la radio nationale, signe de la gravité de la tournure prise par cette escalade surprise, des blindés de l’armée ont été dans un second temps déployés pour calmer les hostilités. Soudaine, cette recrudescence de la violence s’explique selon des sources sécuritaires par la récente arrestation d’un contrebandier qui employait de nombreux jeunes au chômage dans cette zone frontalière, alors que d’autres évoquent des raisons strictement sociales.


Parallèlement aux heurts toujours en cours à Souk Lahad, un jeune homme a escaladé la grande horloge de la Place 14 janvier au centre-ville de Tunis, une baguette à la main, pour dénoncer la vie chère, croit-on savoir d’après les slogans qu’il a scandés.   


 


Quelques heures avant ce regain de tension sociale dans le sud du pays, et après consultation du chef du gouvernement et du président de l'Assemblée, le président de la République Béji Caïd Essebsi, comme s’il avait senti le vent tourner, avait décidé de proroger l'état d'urgence pour un mois, à compter de demain vendredi 13 octobre jusqu'au 11 novembre 2017.


La veille mercredi, à Sidi Bouzid, plusieurs jeunes au chômage avaient bloqué la route nationale n°3 reliant Gafsa à Tunis au niveau du tronçon entre Rgueb et Sidi Bouzid pour réclamer la tenue d’un Conseil ministériel restreint consacré à leur région et au dossier de l’emploi. A quelques jours de l’examen de la nouvelle loi de finance, l’automne social s’annonce très chaud.


 


S.S