Israël approuve la construction de plus de 2 000 nouveaux logements dans les colonies
Israël a décidé cette semaine de faire avancer la construction d’au total 1 292 logements en Cisjordanie, dans une nouvelle poussée de la colonisation de la part du gouvernement de Benjamin Netanyahu en territoire palestinien occupé. Au total, ce sont environ 12 000 unités qui auront été approuvées en 2017, quatre fois plus qu’en 2016.
L’autorité israélienne faisant office de gouvernement en Cisjordanie, territoire occupé depuis 50 ans par l’armée israélienne, a donné son approbation à ces plans, a indiqué à l’AFP l’organisation israélienne anti-colonisation la Paix maintenant. La même autorité, appelée administration civile, doit se pencher sur d’autres dossiers mercredi. En tout, c’est l’examen des dossiers de plus de 2 000 habitations qui était prévu mardi et mercredi, a dit la Paix maintenant.
L’administration civile avait approuvé lundi la construction de 31 logements pour colons juifs à Hébron, une première depuis 2002 dans une ville de Cisjordanie où la coexistence de quelques centaines de juifs et de dizaines de milliers de Palestiniens est une source de tensions et de violences permanentes.
La colonisation est illégale au regard du droit international et est considérée comme un obstacle majeur à un règlement du conflit entre Israéliens et Palestiniens et à une solution dite à deux États, c’est-à-dire la création d’un État palestinien coexistant avec Israël. Cette solution reste la référence d’une grande partie de la communauté internationale, même si elle est fortement remise en question par le refus de l’administration Trump de s’engager en sa faveur.
La perspective d’un règlement pacifique du conflit s’éloigne encore
Outre le plan pour Hébron, la Paix maintenant s’alarme du fait que certaines habitations avalisées mardi sont appelées à être construites dans des colonies situées très à l’intérieur de la Cisjordanie, renforçant la présence israélienne jusqu’au cœur du territoire palestinien et compliquant encore un règlement négocié du conflit. Quelque 430 000 colons vivent en Cisjordanie aux côtés de 2,6 millions de Palestiniens.
Confronté aux pressions des défenseurs de la colonisation et aux enquêtes de police le visant, le premier ministre israélien « s’emploie à prouver son extrémisme, sans se soucier des conséquences d’une expansion massive de la colonisation sur l’avenir de la solution à deux États », a réagi la Paix maintenant dans un communiqué.
Non seulement la colonisation juive rogne les terres sur lesquelles les Palestiniens aspirent à former un État indépendant, mais en fragmentant la continuité des territoires, elle menace de rendre impossible la création d’un tel État, disent ses détracteurs.
Ambigüité des travaillistes
M. Netanyahu est soumis à la surenchère de ses rivaux de droite et du lobby de la colonisation, partisans d’une construction débridée en Cisjordanie et, pour nombre d’entre eux, d’une annexion d’au moins une partie du territoire. Un responsable israélien avait indiqué il y a une semaine que le gouvernement ferait avancer la construction de plus de 3 700 logements pour colons. « Aucun gouvernement n’a fait autant pour la colonisation dont celui que je dirige », se targue M. Netanyahu. « On ne déracinera plus d’implantation sur la terre d’Israël », a-t-il également déclaré. Un règlement du conflit est largement considéré comme très compliqué sans l’évacuation par Israël des colonies situées à l’intérieur de la Cisjordanie.
Dans ce qui peut être interprété comme une inclinaison à droite ou un nouveau signe de l’éloignement de la solution à deux États, le nouveau chef du parti travailliste israélien, Avi Gabbay, a semé le trouble dans l’opposition en envisageant un accord de paix avec les Palestiniens sans évacuation de colonies.
Rached Cherif
(Avec AFP)