36 ans de réclusion pour les recruteurs de candidats au djihad
La Chambre criminelle chargée de l'examen des affaires de terrorisme au Tribunal de première instance de Tunis a prononcé le 19 octobre des peines allant de 4 à 36 ans de prison à l’encontre de plusieurs membres d’un réseau pour leur rôle de recruteurs de combattants tunisiens en Syrie et Libye.
L’actualité judiciaire de cette fin de semaine a donc été marquée par un fait rare : l’opinion publique entend en effet souvent parler des filières de recrutement djihadistes, mais il est rare que la justice désigne nommément les agitateurs de ces réseaux, à tel point qu’une commission d’enquête parlementaire fut récemment créée à cet effet, elle aussi encore au point mort.
Mais suite au démantèlement d’une filière de recrutement en partance pour les « foyers de tension », notamment la Syrie, l’Irak et la Libye voisine, les magistrats ont manifestement voulu émettre des sanctions exemplaires, allant jusqu’à la prison à quasi perpétuité, tant le fléau impacte les familles et est associé ces dernières années à l’image du pays.
Un mode de prospection élaboré
La filière en question est constituée de six individus, chargés de la prospection et du volet prédication, qui attiraient dans leurs réseaux les candidats potentiels de Douar Hicher et de la Cité Ettadhamen, deux faubourgs défavorisés de Tunis, six autres éléments étant chargés de les transférer à l’étranger pour combatte dans les rangs de l’Etat Islamique, selon les aveux des inculpés.
La veille, la Garde nationale de Zaghouan (à 50 km de la capitale) a arrêté cinq membres d’une autre cellule active dans les gouvernorats de Sousse, Mahdia et Zaghouan, s’apprêtant également à rejoindre Daech, qui aurait bâti dès l’été 2017 un nouveau sanctuaire en Libye, à 60km de la frontière tunisienne.
Décimé par les coups de filet et les campagnes sécuritaires, les milieux djihadistes tunisiens font appel à des éléments de plus en plus jeunes.
S.S