Limogés par Mohammed VI, que vont-ils devenir ?
La mort dans l’âme, certains s’échinent à retourner à leur vie professionnelle, d’autres cherchent d’ores et déjà des promesses de postes clefs dans d'importantes boites privées et rares sont ceux qui se préparent encore dans les coulisses à un possible retour en politique.
Echaudé par la facture particulièrement salée du blocage gouvernemental dans sa version Benkiranienne(23 milliards de DHS), El Othmani a vite fait de mettre fin à la vacance à la tête des départements que dirigeaient les ministres limogés par le roi Mohammed VI.
Ce lundi 30 octobre, le psychiatre qui veut à tout prix faire oublier la parenthèse Benkirane a ainsi signé un décret en vertu duquel Moulay Hafid Elalamy aurait désormais un œil sur l'Habitat en remplacement de Nabil Benabdallah.
Carte blanche a également été donnée à Abdelkader Amara, ministre de l'Équipement et du Transport pour assurer l'intérim à la Santé après le limogeage de Houssaine Louardi.
Avec toutes les mauvaises surprises qui vont avec, sachant que le « gentil » Amara a déjà fort à faire avec un ministère de l’Equipement gangrené par la mafia des grands chantiers.
C’est à un nouveau venu, Mohamed Laâraj, en l’occurrence ministre de la Culture et de la Communication, qu’a été confiée la poudrière de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique. Dans la foulée, c’est le même Mohamed Laâraj qui assure de fait l'intérim du secrétaire d'État Larbi Bencheikh parti à la retraite d’office.
En attendant, ce sont les partants qui occupent le devant de la scène. Les « ministres bashing » ont été d’un tel degré de violence que l’on se demande bien où se terraient ces preux chevaliers de la délation quand « ces ripoux » de responsables étaient en exercice. Caricatures de mauvais goût, insultes en tout genre, décompte des richesses, biens immobiliers et autres entreprises inscrites au nom des proches, on a eu de tout et les moins hystériques restent, ceux des critiques qui appellent à un passage devant les juges pour déterminer qui de, ces responsables, s’est indûment enrichi à travers l’exercice de ses fonctions.
Maintenant que vont devenir ces ex-vedettes de la politique devenues l’espace d’un rapport les brebis galeuses sur lesquelles se cristallisent toutes les rancoeurs ?
Mohammed Hassad
Espérant décrocher la direction du mouvement Populaire, Mohamed Hassad connait mieux que quiconque la solitude qui accompagne la traversée du désert qui l’attend, s’il ne réussit pas à rebondir après avoir été limogé.
En réalité, l'ancien ministre de l’Education est bien conscient que ses chances de se retrouver au sommet du podium ne sont plus les mêmes depuis que les militants de ce parti qu’il a tout récemment rejoint se sont rendus compte que le personnage est loin d’être ce personnage intouchable, malgré sa réputation de proximité avec les instances dirigeantes du pays.
Très critiqué pour la manière dont il a géré les manifestations violentes d’Al Hoceima, il avait fini par prouver son incompétence à assumer les fonctions de ministre de l’Intérieur. On gardera aussi de son passage à l’Intérieur, l’apathie dont ont fait montre ses services de sécurité face aux actes de violence qui ont explosé sous son mandat. Même si c’est un secret de Polichinelle de savoir que le désormais ex-ministre de l’Intérieur n’avait aucun pouvoir face à Charki Draiss, véritable patron de ce département à l’époque.
Housseine Louardi
En voilà un qui a été piégé en grande partie par sa communication. S’il est vrai que le ministère de la Santé est un département à problèmes, Louardi a quand même réussi l’exploit de se mettre à dos tous les partenaires du secteur. Ainsi, tout le monde a une dent contre l’ancien ministre de la Santé, les laboratoires parce qu’il a mis une pression terrible pour faire baisser les prix, les médecins parce qu’il a mené une guerre sans merci contre l’absentéisme et le travail en clinique et les infirmiers ont eu aussi leur part de décisions impopulaires. Revenir à son poste de patron des urgences de Ibn Rochd lui vaudrait le pire, en raison justement de cette réputation qu’il s’est forgé dans le secteur.
Larbi Bencheikh
Invisible, un brin largué dans un costume qui était trop grand pour lui, le patron de l’OFPPT n'a jamais eu la tête de l'emploi. Aujourd'hui déchargé de ses fonctions, il a disparu des radars, au point que les salaires des fonctionnaires de l’office ont été versés in extremis grâce à l’intervention du secrétariat général. Bencheikh, que l’on dit alité est sous le choc. Contrairement à ses ex-collègues au gouvernement, la nomination au poste de secrétaire d’Etat représentait une véritable consécration pour ce commis de l’Etat qui traîne bien des casseroles à l’époque où il était directeur des ports au ministère de l’Equipement.
Nabil BenAbdellah
BenAdellah a été le ministre le plus fragile et le plus exposé aux critiques du fait de ses déclarations sulfureuses sur un gouvernement de l’ombre qui ferait la guerre aux islamistes au pouvoir. Son allégeance sans conditions à Benkirane avait fait de lui un ministre très encombrant dans le nouveau gouvernement. Mais il était clair que BenAbdellah ne pouvait plus rester dans le gouvernement après les énièmes scandales liés à l’habitat et pas seulement dans le périmètre d’Al Hoceima. Aujourd’hui, la seule issue possible pour lui, est que le PPS suive les mots d’ordre de ses fidèles pour sortir du gouvernement. Auquel cas, le personnage garderait la main sur le parti pour s’assurer une relative immunité.
Quant aux autres, ceux qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement Othmani, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont dans de beaux draps. Pour ceux qui ont choisi de ne pas aller plus loin, comme Rachid Belmokhtar, dont l’âge est un facteur paralysant, la question ne se pose pas, mais pour des profils comme Haité qui continue à écumer les capitales du monde en tant que numéro deux du suivi de la Cop 22, le couperet du palais ne manquera pas de stopper net les ambitions.
Abdellatif El azizi