« Supplément tunisien », l’hôtel sanctionné par les autorités de tutelle
Un hôtel de Djerba, qui avait obligé le weekend du 2 décembre courant un client local à payer « un supplément tunisiens » en raison de sa nationalité, vient d’être officiellement sanctionné par la délégation régionale du tourisme, et devra payer une amende, apprend-on de source officielle aujourd’hui mardi. Son histoire avait fait le tour de la toile : Sofiane El Hechmi, expatrié tunisien qui avait effectué la réservation dans un hôtel depuis l’étranger sur un site web français, a été obligé de payer un montant « parce qu’il est tunisien ». Une pratique que l’on pensait révolue et qui a scandalisé l’opinion nationale.
« J’ai d’abord cru à une blague »
Suite à cette publication sur les réseaux sociaux, le ministère du tourisme avait ordonné lundi l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce dépassement qu’il avait considéré comme « isolé ».
« J’ai effectué une réservation pour ma sœur qui fêtait son anniversaire samedi dernier. Ma sœur est entrée à l’hôtel sans aucun problème, mais vers 17 heures, elle a été rappelée par la réception de l’établissement. La direction de l’hôtel a réclamé le paiement d’un supplément de 70 dinars (environ 24 euros) dû au simple fait qu’elle soit tunisienne. Il m’a semblé que le fait d’être tunisien est un délit. L’hôtel a expliqué que la réservation a été effectuée via un site français, mais parce qu’ils sont tunisiens ils doivent payer un supplément car il paraît que par rapport à la Tunisie, la France est un pays pauvre dont les clients ont besoin de réduction », a ironisé Sofiane.
Le "Jerba Sun Club"
Un simple malentendu ? Pas si sûr
L’agent de l’établissement, mal briefé, s’est-il mal exprimé sur la non validité de l’offre en question aux clients non affiliés à certains réseaux d’agences touristiques ? Toujours est-il que le dépassement a été constaté par les autorités touristiques, et que le manque à gagner en termes de marges hors agences ne saurait expliquer l’incident, et que la loi en vigueur interdit ces pratiques discriminatoires.
La victime a assuré qu’elle a aussitôt contacté la direction de l’hôtel pour comprendre ce qui se passe : « Le chef de réservation de l’hôtel a expliqué que l’offre est destinée à une clientèle française. Mais durant mes plusieurs séjours, je n’ai jamais eu de problèmes de ce genre. Le responsable commercial m’a expliqué qu’une nouvelle circulaire gère cette question. Au Maroc et en Egypte, les locaux sont privilégiés par rapport aux étrangers… Le problème ne réside pas dans les 70 dinars. J’ai perçu ce geste comme humiliant envers les Tunisiens qui seraient des citoyens de seconde zone », regrette Sofiane.
L’homme a enfin indiqué dès dimanche qu’il a porté plainte auprès de la délégation du tourisme. « Le ministère du Tourisme a indiqué qu’il n’y a aucune loi qui stipule le paiement d’un supplément pour les tunisiens. Mon frère a été aussi victime de cette pratique et il a été obligé de payer un supplément de 100 dinars », assure-t-il.
S.S