Législatives 2017 : Le Conseil constitutionnel confirme l’élection de Valls
La candidate de la France insoumise Farida Amrani et son suppléant Ulysse Rabaté y ont cru jusqu'au bout mais le miracle n'a pas eu lieu. Manuel Valls reste député de la 1ère circonscription de l'Essone.
Farida Amrani avait déposé un recours demandant au Conseil constitutionnel l’annulation de l’élection de Manuel Valls. La haute juridiction a statué ce vendredi 8 décembre en rejetant la requête.
Le Conseil constitutionnel, présidé par Laurent Fabius ancien Premier ministre socialiste, a confirmé, ce vendredi 8 décembre, l'élection de Manuel Valls au poste de député dans la 1 ère circonscription de l'Essone.
Le Conseil constitutionnel a conclu que "66 votes, correspondant à des différences de signature significatives doivent être regardés comme irrégulièrement exprimés. Ces suffrages irréguliers restant en nombre inférieur à l'écart de voix entre les deux candidats du second tour, cette irrégularité ne saurait conduire à l'annulation des opérations électorales."
Dans un communiqué publié sur leur page Facebook, Farida Amrani et son suppléant Ulysse Rabaté ont dit "respecter la décision du Conseil constitutionnel et reitérer toute leur confiance dans les institutions de la République". "Plusieurs zones d'ombre persistent, renforcées par la faiblesse de la défense de Manuel Valls tout au long de l'instruction. Mais pour une fois, force est de constater que l'évidence ne suffit pas", ont-ils encore écrit. "Aujourd'hui, nous ressortons renforcés de ce long combat", ont admis Farida Amrani et Ulysse Rabaté.
Manuel Valls avait été réélu député le 18 juin 2017, sous l'étiquette majorité présidentielle, avec 139 voix d'avance.
Très vite, au soir du second tour des élections législatives, son adversaire de la France insoumise, Farida Amrani, et ses proches avaient contesté la victoire de Manuel Valls. Le temps de constituer un dossier, ils avaient déposé un recours devant le Conseil constitutionnel.
En cause, les documents d'émargements qui comportaient, selon eux, des anomalies : des différences très sensibles de signature entre les premier et second tours" seraient observables pour "un nombre important d'électeurs".
Certaines listes portaient également "des signatures doubles" se caractérisant par la présence d'une première signature au crayon à papier, recouverte d'une signature à l'encre. L'équipe de la candidate avait posté, à l'époque, une photo montrant ces signatures étranges sur son compte Twitter.
Farida Amrani affirmait alors avoir des preuves de ces irrégularités et disait faire confiance à la justice de son pays.
Au regard des éléments fournis par l'équipe d'Amrani, les Sages avaient décidé de procéder à une audience à huis clos réunissant les deux parties accompagnées de leurs avocats, ce qui n'est pas le cas pour tous les recours déposés. Celle-ci avait eu lieu ce lundi 4 décembre au Conseil Constitutionnel.
"Manuel Valls, qui avait dit qu'il ne viendrait pas, était finalement présent", nous avait alors confié Ulysse Rabaté, le suppléant d'Amrani, qui l'avait trouvé "pas très rassuré".
"Le fait d'avoir été reçus par la plus haute-juridiction de l'État montre à quel point nos éléments sont solides et qu'on a eu raison de la saisir", expliquait encore Ulysse Rabaté.
A l'issue de cette audience, les deux "satisfaits d'avoir été entendus", se disaient "confiants, d'autant que la partie adverse n'a fourni aucune réponse aux questions qu'on a posées, y compris sur ce que notre avocat appelle les 'signatures doubles': rien de rien, silence radio de la part de Valls".
Lucide, Farida Amrani avait alors déclaré "qu'on ne s'attaque pas à n'importe qui". "Nous ne sommes pas dupes. C'est un ancien Premier ministre qui connaît personnellement certains membres du Conseil constitutionnel (Laurent Fabius ou Lionel Jospin, NDLR). Il y a des choses que l'on ne maîtrise pas en coulisses", avait-elle continué.
Dans nos colonnes, en juillet dernier, Farida Amrani et son suppléant Ulysse Rabaté rappelaient que leurs "engagements ne se limitent pas à cette élection et encore moins à Manuel Valls". "Quoi qu'il en soit, nous continuerons à lutter au quotidien auprès des habitants de l'Essonne, comme nous l'avons toujours fait et bien avant le début de cette campagne. Et puis, les élections municipales de 2020 arrivent à grands pas : nous avons ouvert des perspectives inédites avec cette campagne. Notre responsabilité, c'est de continuer. Dans nos villes, et au-delà", avaient alors promis les deux candidats.
"Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. A une période où de moins en moins de personnes croient en la politique, ce que nous avons réalisé a permis de redonner espoir à beaucoup de gens. On a montré que tout est possible et que quand le peuple se soulève, tout peut arriver. Au début de la campagne, qui aurait pu imaginer que nous étions en mesure de battre Manuel Valls sur ses terres, lui, qui dispose dans l'Essonne d'un solide réseau ?", avaient encore rappelé Amrani et Rabaté, avant de conclure : "Deux "inconnus" ont fait trembler un ancien Premier ministre. Quoi qu'il arrive, pour nous, c'est une victoire".
Nadir Dendoune
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