Une mairie FN supprime les menus sans porc des cantines scolaires
La mairie Front national de Beaucaire (Gard) a supprimé lundi, jour de rentrée, les repas de substitution, qualifiés « d'antirépublicains », pour les élèves ne mangeant pas de porc à la cantine scolaire. Quelque 150 élèves demi-pensionnaires sur 600 bénéficiaient de ces repas de substitution à Beaucaire.
La municipalité dirigée depuis 2014 par Julien Sanchez a annoncé dans le journal municipal de décembre, dans un entrefilet: « Les repas de substitution, repas antirépublicains, en place depuis la municipalité (Jacques) Bourbousson (le prédécesseur DVD de M. Sanchez ndlr) seront supprimés à Beaucaire ». Cette mesure est effective à partir du lundi 8 janvier, jour de rentrée scolaire.
La décision de la municipalité FN constitue selon Laure Cordelet, présidente d'une association d'opposition, le Rassemblement citoyen pour Beaucaire, « une atteinte aux droits de l'enfant » qui « stigmatise la communauté maghrébine et ne peut en aucun cas être justifiée au nom de la laïcité ».
Interrogée par BFM TV, Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a pour sa part estimé qu'il s'agissait d'« un exemple typique de quelqu'un qui brandit la laïcité comme une arme politique anti-musulmans, ou anti-juifs au demeurant ».
Elle a souligné que dans l'école qu'elle fréquentait dans son enfance à Belleville, un quartier de Paris, les élèves « qui n'aimaient pas le porc pouvaient avoir deux œufs durs ». « Je pense que ça peut être faisable sans trop de difficultés », a suggéré Mme Schiappa, qui vient de publier un essai intitulé « Laïcité, point! ».
Pique-nique de protestation des parents d’élèves
Des parents d'élèves opposés à la décision de la municipalité de Beaucaire appellent lundi 15 janvier à un pique-nique de protestation devant la mairie à 11H30.
En 2015, le maire LR de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) Gilles Platret avait déjà créé la polémique en supprimant le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de la commune. Le tribunal administratif de Dijon avait censuré cette décision fin août 2017, estimant que la municipalité « n'avait pas accordé, au sens de la convention internationale relative aux droits de l'enfant, une attention primordiale à l'intérêt des enfants ». Le maire a fait appel devant la cour administrative d'appel de Lyon.
Rached Cherif
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