Maghreb rock’n roll : Fais moi du yéyé chéri
N’en déplaise à un certain “philosophe”, les “non-souchiens” ont bel et bien été émus par le départ de Johnny Hallyday. Rappelons tout de même que le rockeur “qui tutoyait Mohammed VI” a fait vingt-huit scènes sur le continent africain, dont beaucoup dans les années 1960. Sur les deux bords de la Méditerranée, “l’idole des jeunes” est à l’origine de vocations qui feront éclore la période yéyé, (référence aux “yeah yeah” scandés dans les tubes américains de l’époque). Diffusée massivement à travers le monde grâce à la radio, la télévision et les magazines, cette vague musicale très commerciale apportera une nouvelle manière de produire et de distribuer la musique. Pour la première fois, les artistes ont l’âge de leur public. Le producteur Maurice Elbaz analyse pour nous cette période au Maroc.
La mue de la musique orientale, d’hier à aujourd’hui
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les jeunes Arabes de ces années 1960 étaient uniquement tournés vers Le Caire, on observe la mue de la musique orientale sous l’influence de ces nouvelles sonorités et sous toutes les latitudes. Twist, pop, rock, rhythm and blues imprègnent une génération d’artistes, à Paris comme au Maghreb. Pour preuve, le DJ berlinois Jannis Stürtz, cofondateur du label Jakarta Records, nous fait découvrir de belles pépites dans ses compilations Habibi Funk.
Parmi les plus célèbres, on retiendra bien sûr, Abdelghafour Mouhsine, plus connu sous son pseudo “Vigon”, et que l’on a retrouvé en 2012 dans la célèbre émission The Voice, sur TF1. Les sixties, c’est aussi l’émergence du groupe Les Variations, avec son mythique chanteur Jo Leeb, et dont plusieurs musiciens sont originaires du Maroc. Ils font leurs débuts au Golf Drouot, le temple du rock et remportent alors le “Tremplin”, organisé en 1966 par le club, un concours qui assoit leur notoriété de pionniers de la scène rock française.
Le “clan des Egyptiens”
Sans oublier le “clan des Egyptiens”, Claude François, Dalida et enfin Bob Azzam, de son vrai nom Wadih Georges Azzam. Avec ce dernier, la fusion variété et mélodies orientales est totale, notamment avec ses deux tubes, qui font de lui une star en France : Ya Mustapha et Fais-moi du couscous, chéri. Enfin, la chanteuse marocaine Allegria Maguy Banon, surnommée Malika, puis Tina Banon, connaît dès l’enfance un destin musical fulgurant pendant la période yéyé à Paris. Elle revient sur cette tranche de vie.
La suite de la série Musique : Maghreb Rock'n roll
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