Des médecins syriens demandent à la France d’agir
Deux médecins syriens étaient hier (15 février) en France, pour témoigner du drame quotidien qu’ils vivent et demander au gouvernement français des actions concrètes.
Siège
Présents en France pour témoigner de la situation très grave en Syrie, deux médecins syriens de la Ghouta orientale et d’Idlib ont donné des détails accablants des conditions dans lesquelles ils sont obligés de travailler.
Assiégée depuis octobre 2013, la Ghouta orientale souffre d’une pénurie de médicaments et de matériel médical.
Mercredi (14 février), un convoi humanitaire est arrivé dans cette région, le premier depuis trois mois. Insuffisant pour une population de 400 000 habitants frappée par les maladies, le manque de nourriture et les attaques chimiques…
Message clair
« Ce matin un collègue de Ghouta m'a envoyé un message pour savoir comment se passaient les rencontres. Sa première question a été « sont-ils sérieux ? ». J'ai répondu « je crois » » confie Ahmad Tarakji président de l’ONG médicale Syrian American Medical Society (SAMS) dont font également partie les deux médecins syriens présents en France.
Mardi (13 février), Emmanuel Macron indiquait que si l’utilisation d’armes chimiques était avérée, la France interviendrait en Syrie. Le discours de la « ligne rouge » entendu depuis plusieurs années de la part de la communauté internationale.
Les médecins syriens espèrent des actions concrètes : « l'aide humanitaire n'a toujours pas pu être acheminée. Nous demandons à la France d'avoir un message clair, de tenir des positions fortes et d'avoir des solutions ».
Hôpitaux attaqués
« En premier lieu nous voulons stopper les morts dans les hôpitaux et centre de soins. Si les hôpitaux sont détruits, les civils ne peuvent pas être soignés » explique le Dr. Ayman Al-Sheikh.
Ce dernier dénonce des attaques sur les hôpitaux ayant causé de nombreux blessés parmi les femmes et les enfants.
De plus, les évacuations des blessés, notamment des enfants, sont extrêmement compliquées : « Ils veulent partir sains et saufs, ils veulent éduquer leurs enfants. Mais malheureusement les écoles et les maternelles sont également ciblées ».
Armes chimiques
Selon le président de la SAMS, de nombreux échantillons de sang et d’urine permettant de prouver les attaques chimiques ont été récoltés : « Nous savons qui a collecté ces preuves. Nous les gardons afin que les scientifiques puissent les étudier. C'est tout ce que nous voulons. Nous voulons la vérité ».
Ce dernier insiste également sur le fait qu’il n’existe pas d’organisme international chargé d'établir une vraie enquête sur l'utilisation d’armes chimiques en Syrie.
Au problème de savoir à qui donner ses preuves, s’ajoute la question du comment : « Comment sortir les échantillons quand on ne peut même pas faire entrer de la nourriture ? ».
Les médecins syriens ont insisté sur plusieurs priorités. Parmi elles, la vaccination des enfants et l’importance du réapprovisionnement de matériel médical comme l’insuline, par exemple, extrêmement difficile à trouver.
D’autre part, la formation de personnels soignants (infirmières…) pour suppléer des médecins en sous-effectif.
Le message est donc clair : la communauté internationale, dont la France, va devoir joindre les actes aux nombreuses paroles…
Charly Célinain