Condition féminine plurielle dans les mondes musulmans

 Condition féminine plurielle dans les mondes musulmans

Trois femmes kirghizes. © Fred Daudon / 2017


L'association Faith the project explore la condition féminine au Moyen-Orient via la rencontre « Des femmes dans les mondes musulmans » (8 mars).


Promouvoir la tolérance, mieux comprendre les différentes croyances, traditions, accepter la diversité religieuse. Une tâche ambitieuse à laquelle s'attellent Fred Daudon et Nabila Laajail, fondateurs de l'association Faith the project. A travers le Festival Mosaïque de soi(e) (jusqu'au 24 mars), l'association partage les images et expériences recueillies lors d'un road trip le long de la route de la soie (Février 2016-Avril 2017). La journée des droits des femmes, étant l'occasion d'une rencontre « Des femmes dans les mondes musulmans » (Projection suivie d'un débat) à l'institut des cultures d'Islam. Les fondateurs de Faith the project nous expliquent leurs motivations, mais aussi de la journée du 8 mars.


 


Comment est née Faith the project ?


Nabila Laajail – Il y a eu les événements de Charlie Hebdo et bien avant d'autres événements tragiques qui ont marqué notre adolescence, le 11 septembre et autres. En Europe mais aussi en Egypte, en Tunisie… Nous en avions marre de la manière dont étaient vues les religions. Nous voulions en parler et surtout comprendre parce que nous ne sommes pas experts de ces religions. C'est pourquoi nous avons pris la décision de nous appuyer sur un réseau de chercheurs que nous avons contactés en amont de cette initiative pour nous aider, définir le parcours méthodologique, rencontrer les communautés. Fred travaillait en banque, il s'est arrêté. Il avait déjà commencé  à travailler sur le projet d'un documentaire engagé notamment à Cuba. Pour ma part je travaille à côté. Je fais ce projet sur mon temps libre. Et nous avons décidé de partir le long de la route de la soie pour documenter la diversité du fait religieux. Il nous paraissait opportun de parler de la façon dont les communautés vivaient dans le contexte actuel. Politique et économique.


Fred Daudon – Il n'y avait non seulement les attentats mais aussi un retour au nationalisme, aux barrières entre les communautés. Et ce, pas uniquement dans les pays des routes de la soie mais aussi chez nous, dans tous les pays occidentaux. Nous voyons très bien les grosses migrations économiques, forcées parfois, les guerres. On voit très bien qu'il y a une nécessité, aujourd'hui plus que jamais, et demain encore, de documenter et préserver. Notre credo c'était de le faire par l'image (…) Cette route de la soie c'est le reflet de notre propre diversité


 


Votre projet sur la route de la soie que le public peut découvrir en ce moment au Festival Mosaïque de soi(e)…


N – Le cycle-exposition Mosaïque de Soi(e) relate notre initiative documentaire entreprise le long des routes de la soie  d’Istanbul à Xi'an entre 2016 et 2017. Nous avons fait  la Turquie, l'Iran, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Chine. A la base, c'est un projet photographique qui est devenu un projet documentaire multimédia. Le cycle-exposition s’articule autour de deux expositions qui auront lieu concomitamment. L’exposition éponyme est présentée à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco) du 23 février au 24 mars. A la galerie-librairie Impressions dans le 3e arrondissement est proposée l’exposition Made In China. [Auront également lieu des concerts, conférences-débats et projections de films dont la projection de « Persépolis », de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, le 8 mars, ndlr].


 


Le titre de cette rencontre du 8 mars « Des femmes dans les mondes musulmans » montre-t-il votre envie d'éviter l'écueil de la généralisation ?


F – c'était une volonté de notre part de ne pas cataloguer, de ne pas répondre aux amalgames. Quand on parle d'Islam et de femmes, je pense qu'on a assez de préjugés dans la tête. Là nous voulions montrer cette pluralité de situations, pluralité dans l'Islam (…) C'est d'ailleurs pour cela que nous commençons par « Persépolis » (…) Eviter les mêmes amalgames que Marjane décrit parfaitement, la position de la femme iranienne dans la société occidentale… Nous essayons d'avoir des regards différents et d'articuler tous ces regards sur la situations des femmes dans les mondes musulmans.


 


Comment ont été choisis les intervenants pour cette rencontre ?


F – Les intervenants, nous les connaissions en grande majorité. Par exemple Latifa Carole Ameer, on la connaît parce que nous avions assisté au grand Mawlid. Depuis deux ou trois ans nous avons toujours gardé des liens et elle fait partie de notre comité scientifique pour l'exposition. C'est elle qui a choisi le thème de la performance artistique et les artistes qui devaient se produire.


N – Ghaleb Bencheikh, que l'on connaît via son émission sur France culture et nous participons à ses événements, ses conférences sur Paris. C'est important pour nous d'avoir ce point de vue scientifique. Et Anne Ducloux qui est une des chercheuses avec qui nous avons travaillé, qui est une anthropologue spécialiste des femmes en Ouzbékistan et qui fait partie de notre comité scientifique. Nous avons aussi  réfléchi à une liste de personnes  en lien avec les sujets des conférences avec l’aide de notre comité scientifique et artistique, que nous avons sollicité.


 


Quels sont les futurs projets de Faith the project ?


F – En termes de projets, le premier concerne l'itinérance de cette exposition. Nous sommes en train de travailler là-dessus. Nous aimerions reconduire ce festival en préparant encore plus en amont. Etendre à d'autres projets documentaires, aller dans toute l'Ile-de-France (…) Mais aussi à Lyon, qui a une histoire liée à la soie. On pense aussi au Mucem à Marseille (…) Et à moyen terme continuer sur nos initiatives documentaires, pas la route de la soie, mais peut-être un pays en particulier. Projet qui serait ouvert à d'autres personnes qui pourraient compléter avec d'autres images.


N – Le projet Mosaïque de Soi(e) est celui d’une diversité, celle qui compose la France, celle qui compose notre monde et dont les routes de la soie sont le reflet. Face aux mutations de notre monde globalisé, il appelle au respect et à l’apprentissage de l’Autre pour vivre ensemble et progresser. Il est réalisé en partenariat avec l'Inalco, l'équipe de recherche ASIEs, la Mairie de Paris et la DILCRAH. Mosaïque de Soi(e) s'inscrit dans la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme du 19 au 25 mars 2018. Pour terminer, nous avons eu le soutien pour ce projet de nos amis, familles et donateurs via notre campagne de financement participatif sur go fundme.


Charly Célinain


Lien vers le site : https://www.faiththeproject.com/


Programme du festival Mosaïque de soi(e)