Perpignan – La commémoration du 19 mars 62 crée la polémique

 Perpignan – La commémoration du 19 mars 62 crée la polémique

Les drapeaux de la mairie de Perpignan en berne


Le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu, mettant un terme à huit ans de guerre en Algérie. La veille, le gouvernement français a cédé au gouvernement provisoire de la République algérienne ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara, mettant un terme aux accords d'Evian. 


Depuis 2013, chaque 19 mars, Jean-Marc Pujol, maire LR de Perpignan décide de ne pas participer aux commémorations. Au lieu de cela, il met tous les drapeaux de sa ville en berne. Il entend par ce geste montrer son indignation contre la décision du gouvernement socialiste qui avait officiellement institué en 2012 la date du 19 mars comme Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.


Pieds-noirs, communauté dont est issu le maire, et harkis, nombreux dans la région, voient dans cette date le début du "massacre de nombreux civils, abandonnés par l’Etat français". Mettre les drapeaux en berne est un "symbole fort", déclarait Jean-Marc Pujol en 2013, injoignable aujourd'hui au téléphone.


A l'époque, le maire de Perpignan affirmait porter ainsi "respect à la mémoire de toutes les victimes de la guerre d'Algérie, sans distinction de religion ou d'origine". Pourtant pour beaucoup, politiques et historiens, la date du 19 mars est la plus commode. C’est la fin du front, le dépôt des armes négocié entre le gouvernement provisoire algérien et le gouvernement français, même si l’on sait comme dans toutes les guerres que le désarmement effectif intervient toujours plus tardivement.


La décision du premier édile ne fait pas l'unanimité à Perpignan. Clotilde Ripoull a été conseillère municipale d'opposition entre 2008 et 2014 à Perpignan. "Le geste de Jean-Marc Pujol est d'abord électoraliste : faire plaisir aux communautés pieds-noirs et harkis. Ce n'est pas acceptable", dénonce l'ancienne élue "sans étiquette". "La mairie est la maison de tous les citoyens. Cette décision alimente les rancœurs et les clivages entre les Perpignanais, ce qui est très dangereux pour la cohésion de la ville", ajoute Clotilde Ripoull.


"Quand un maire décide de mettre les drapeaux de sa ville en berne, c'est quand les valeurs de la République sont attaquées", précise-t-elle. "C'est ce que toutes les mairies ont fait après les attentats de Charlie ou du Bataclan", souligne encore Clotilde Ripoull.


Nadir Dendoune