L’indice de tolérance marque le pas après plusieurs années de hausse
L’indice de tolérance, qui mesure les préjugés racistes et antisémites, s’est stabilisé à un haut niveau en 2017, après trois années de hausse, selon un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) publié jeudi. Un score élevé qui masque toutefois d’importantes disparités.
L’indice de tolérance s’est établi à 64 (sur 100) en 2017, après avoir gagné une dizaine de points de 2013 (54) à 2016 (63 à 65), indique le rapport annuel de la CNCDH sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Cet indice, mesuré depuis 1990, a connu son plus bas l’année suivante à 48 points, et son sommet en 2009, à 66 points.
La CNCDH observe toutefois « des différences notables selon les minorités » : l’indice s’établit à 78 points à l’égard des Noirs et des Juifs, 72 pour les Maghrébins et tombe à 34 concernant les Roms. La situation se dégrade pour les Noirs (-3 points) et les Roms (-2).
La commission rappelle la baisse globale en 2017 des actes haineux signalés aux forces de police et de gendarmerie, annoncés en repli de 16 % par le ministère de l’Intérieur. Mais « sur le long terme », note-t-elle, « la courbe de tendance des faits racistes relevés reste particulièrement inquiétante ». Surtout, si les menaces (propos, gestes menaçants…) déclinent, les actions (destructions, violences…) pointent en hausse de 11 %. La CNCDH appelle à l’« extrême vigilance » sur cette évolution.
La vigilance reste de mise
En outre, la baisse globale doit « être mise en perspective avec l’ampleur de la sous-déclaration ». Le taux de plainte est de 3 % pour les injures racistes, proportion portée à 17 % en cas de menaces et 30 % en cas de violences, selon la commission.
Ce rapport est publié trois jours après la présentation par le gouvernement de son nouveau plan (2018-2020) de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui vise à endiguer le déferlement de haine sur internet.
Si le nombre de notifications de contenus illicites sur le web via la plateforme PHAROS a globalement baissé entre 2016 et 2017, ce n’est pas le cas des signalements recoupés pour injure ou diffamation xénophobe, qui ont plus que doublé (+108,5 %).
Les actions déjà menées par les pouvoirs publics ont abouti à des « résultats probants », se réjouit la CNCDH, qui invite à « les poursuivre ». Ainsi, selon son rapport, une campagne de test européenne au printemps 2017 a montré que 59,1 % en moyenne des notifications auprès de trois opérateurs (Facebook, Twitter et YouTube) ont entraîné la suppression des contenus litigieux visés, contre 28,2 % en 2016.
Rached Cherif
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