Asile : Une audience fictive pour une loi de plus en plus réelle

 Asile : Une audience fictive pour une loi de plus en plus réelle

Le procès fictif de la loi « Asile et Immigration » tenu à la place de la République à Paris


Hier (8 juillet), se tenait le procès fictif de la loi « Asile et Immigration ». Constituées en partie civile, plusieurs organisations ont pointé les incohérences de cette loi.


« Nous accusons »


« Par convocation directe, le BAAM a assigné le prévenu [la loi Asile et immigration, ndlr], lui reprochant la violation de droits fondamentaux, la mise en danger de la vie d'autrui et le recel d'idées identitaires ».


Le ton est donné d’entrée par le juge de ce tribunal fictif installé place de la République à Paris. L’objet de ce simulacre étant d’interpeller sur cette loi qui, pour le MRAP, ne tient pas compte du contexte de cette arrivée de migrants : « Nous accusons le gouvernement de ne pas avoir pris de mesures d'accueil dignes et nécessaires devant cette vague d'immigration annoncée, suite aux agressions militaires en Libye qui ont déstabilisé la bande sahélienne ».



© Charly Célinain


Le français, un « moyen de pression » ?


Nombre de problématiques ont été abordées au cours de l’après-midi :  réduction des délais de demande d'asile et de recours devant la CNDA ou encore l'augmentation de la durée de rétention. Le pôle français du BAAM (Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants) a amené un autre sujet sur la table : « Le français est-il une aide apportée aux migrants ou est-ce un moyen de pression ? ».


Ces derniers ont cité des témoignages de migrants ayant obtenu une carte de séjour qui ouvre l'accès à des cours de français. Carte renouvelable sous certaines conditions : justifier d’un certain niveau de langue devant l'OFII (office français de l'Intégration et de l'Immigration) notamment. Ce qui indigne les membres de l’association : « l'apprentissage du français ne peut constituer un critère éliminatoire, c'est un droit, pas une épée de Damoclès. Le français est un moyen de communication pas un outil de sélection ». 



© Charly Célinain


Le français, un droit


Démarches administratives, accéder à leurs droits ou se débrouiller dans leur vie quotidienne apprendre le français est une nécessité pour les nouveaux arrivants sur le territoire. « L'Etat doit offrir des cours de français aux demandeurs d'asile. Ce n'est pas une faveur, ce serait normal. Plusieurs pays de l'UE le font déjà », rapporte un membre du pôle français du BAAM.


Ce dernier pointe également le paradoxe de la politique appliquée aux migrants : « Alors qu'il les prive de français, l'Etat les autorise à travailler, passé neuf mois sur le territoire ». Et encore, cette possibilité de travailler est soumise à une procédure longue et décourageante pour obtenir une autorisation…



© Charly Célinain


Lors de cette audience fictive, la « partie civile » a vu défiler nombre d’organisations exposant de nombreux griefs. Si  l’adoption définitive de cette loi semble inévitable, les personnes travaillant au contact des migrants et de leur réalité quotidienne semblent loin de penser que cette loi améliorera les conditions d’accueil et de vie de ces derniers.


Charly Célinain