L’ascenseur de l’égalité toujours en panne
C’est une étude du think tank « France Stratégie » qui le confirme. Parmi les 10% des Français les plus modestes, plus de la moitié sont des enfants d'ouvriers.
Non, on n’est pas tous nés sous la même étoile. Les paroles d’Akhenaton sont une nouvelle fois, et sans surprise, contredites avec les résultats de cette étude du think tank « France Stratégie », parue la semaine dernière.
Les origines sociales et les diplômes sont deux facteurs plus que jamais déterminants dans la trajectoire d’une personne aujourd’hui en France. Ce n’est donc ni le sexe, ni l’âge, ni le pays d’origine mais bien l’origine sociale qui pèse le plus dans la balance des inégalités.
18% d’enfants d’ouvriers parmi les plus riches
Le think tank rattaché à Matignon s’est penché sur le parcours de 80 000 Français nés entre 1970 et 1984. Le constat est sans appel : parmi les 10 % des plus pauvres de la population étudiée, 60 % sont des enfants d’ouvriers, contre seulement 10% qui sont des enfants de cadres.
Et, à l’inverse, parmi les 10 % des plus riches, ces mêmes enfants d’ouvriers ne représentent que 18 % des effectifs. « Si vous êtes enfant de médecin ou d’avocat, vous avez une chance sur deux de figurer parmi les catégories les plus aisées. Si vous êtes fils de professeur, c’est une sur cinq », précise le communiqué de « France Stratégie ». Dit autrement, c’est ce qu’on appelle un ascenseur social bien en panne.
Six générations
Ce constat chiffré avait déjà été annoncé il y a quelques jours par l’OCDE. Selon cette étude consacrée à la mobilité sociale, il faut, en France, 180 années pour qu'un descendant d'une famille modeste atteigne le revenu moyen. Ce qui correspond à six générations. Ces résultats placent la France aux côtés de l’Allemagne, parmi les plus mauvais élèves en terme d’égalité des chances.
Chloé Juhel