Education nationale : le grand chamboulement
Malgré un taux de réussite record lors de la session de rattrapage, le taux de redoublement des élèves tunisiens au bac avoisine cette année les 60%. « Inacceptable » pour le ministre de l’Education Hatem Ben Salem qui envisage de réformer le secteur, de fond en comble.
« Au vu des résultats enregistrés dans les épreuves nationales, il est impératif de réviser ces examens dont le baccalauréat et repenser tout le système éducatif », a déclaré hier 10 juillet Ben Salem, ancien ministre de l’Education durant l’ère Ben Ali, à nouveau à ce poste depuis la rentrée (entré en fonction le 12 septembre 2017).
Fort de son expérience dans les années 2000 en tant que secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, puis en tant que directeur de l’Institut tunisien des études stratégiques avant d’intégrer l’Education, plus grand portefeuille du gouvernement avec celui de la Santé, l’homme voit grand. A-t-il l’intention de réformer à l’aune de ce qui se fait en Europe ? Ses projets se précisent en tout cas, et commencent par défaire les mesures contestées de son prédécesseur Néji Jalloul.
Retour au système trimestriel
Premier chantier, le ministre évoque la possibilité de réviser la durée du déroulement des examens du baccalauréat et de réduire le nombre des jours qui leur sont impartis. « Il est inadmissible de laisser les élèves passer des examens durant deux semaines entières », a-t-il regretté, assurant que les épreuves nationales devront à l’avenir inclure seulement les matières principales.
« Les évaluations réalisées par mon département ont confirmé l’échec du régime semestriel ». Le retour au régime trimestriel a en outre été décidé entrera en vigueur à partir de l’année scolaire prochaine 2018 / 2019, conformément à un accord conclu avec les syndicats de l’enseignement de base et secondaire de l’UGTT, a par conséquent annoncé Hatem Ben Salem.
Le calendrier des vacances scolaires sera adapté au calendrier des vacances universitaires à partir du mois de septembre prochain, a précisé la même source. Allégée et modernisée, l’inscription sera désormais effectuée à distance, via SMS ou par internet pour les élèves du collège et du lycée, avec l’abandon du recours à des extraits de naissance, des enveloppes et des timbres postaux. Les bulletins de notes seront par ailleurs envoyés au parents via le publipostage.
L’emploi du temps sera de même adressé par mail ou SMS, une démarche de numérisation du système éducatif permet un gain de temps au parent et à l’élève, évitant qu’il ait foule à l’entrée des établissements.
On se dirige enfin vers une diminution ostensible du nombre d’heures d’enseignement, et la désignation d’un jour de repos, a priori le samedi, consacré à des activités culturelles ou sportives.
Quant aux lycées pilotes, il a été décidé de généraliser la filière lettres dans l’ensemble des établissements pilotes où les sciences humaines étaient jusque là exclues. « On ne descendra pas sous le seuil de 15/20 dans l’admission des élèves aux collèges et aux lycées pilotes, bien que le nombre d’élèves affectés soit inférieur à environ la moitié de la capacité d’accueil disponible dans ces établissements », a aussi assuré Ben Salem.
Fait insolite, la triche au bac enregistrait cette année elle aussi une hausse, avec un millier de cas recensés durant les deux sessions. 951 cas de triche ont ainsi été recensés à l’examen du baccalauréat cette année au cours des sessions principale et de contrôle dont la moitié a été enregistrée dans les délégations de Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa, Kairouan et Tunis 2, a fait savoir Omar Ouelbani, directeur général des examens au ministère de l’Education.
Seif Soudani