Affaire Benalla : Le préfet de police se décharge et vise l’Elysée
Son audition était particulièrement attendue. Pour beaucoup, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech devait servir de "fusible" dans l'affaire Benalla. D'autant que le ministre de l'intérieur avait pointé du doigt le préfet sur certains manquements, notamment la délivrance du port d'armes. Le préfet ne s'est pas laissé faire et renvoie à l'Elysée pour certaines questions.
Le préfet Picard, Michel Delpuech n'est pas du genre à se laisser traiter en victime. Habitué depuis longtemps des arcanes du ministère de l'intérieur et de la préfecture la plus prestigieuse de France, il s'est vigoureusement défendu lors de son audition devant les députés. Il a indiqué avoir été "informé le 2 mai de la présence d'Alexandre Benalla par un collaborateur du Président de la République. Je ne comprends pas de quoi il parle et ma réponses est toute de surprise. Je n'ai jamais, à cette heure-là, entendu parler de cette affaire".
Pour contredire l'article 40 de la procédure pénale, Michel Delpuech a indiqué que "l'affaire avait été prise à un niveau hiérarchique pertinent (l'Elysée)" et estime que ce n'est "pas au préfet de le faire".
Pas de doute possible, le Préfet de Police de Paris renvoie à la Présidence de la République. Il a entre autres, parlé de "dérives inacceptables" créés par des "copinages malsains". Un langage que l'on a peu l'habitude d'entendre de la bouche d'un haut fonctionnaire de l'Etat, encore plus de l'administration policière.
S'il dit ne pas avoir été "informé" de la présence d'Alexandre Benalla le 1er mai, il indique avoir lancé "des investigations internes pour savoir comment M. Benalla s'est retrouvé sur l'opération de la place de la Contrescarpe". Par contre, il a été incapable de préciser pourquoi et qui avait fourni un brassard de police ainsi qu'une radio à M. Benalla. "La police a fourni à Mr Benalla le casque de protection seulement, selon les informations dont je dispose".
L'un des points sur lequel le Préfet de Police était visé, était le port d'arme attribué à Alexandre Benalla alors que le ministre avait indiqué que ses "services avaient refusé l'autorisation de port d'armes". Sur cette partie, Michel Delpuech "assume". Oui, il a donné une autorisation de port d'arme indiquant avoir eu une demande de l'Elysée. "Sans faire pression, en me lassant le soin d'apprécier et d'apprécier seul, j'assume cette responsabilité personellement".
Et l'affaire Benalla semble loin d'être fini car en plus de l'Assemblée Nationale, les protagonistes de l'affaire vont devoir "passer" devant le Sénat également, qui a créé une commission d'enquête votée à l'unanimité.