Marseille : l’eau potable qui contamine ses habitants

 Marseille : l’eau potable qui contamine ses habitants

crédit photo : Boris Horvat/AFP


Sur les hauteurs de la ville phocéenne, dans le 11ème arrondissement, la cité Air Bel est le théâtre d'une situation exceptionnelle. Depuis 7 ans, cette « micro-ville » composée de logements sociaux vit au rythme des bouteilles et de bidons d'eaux. Et pour cause, leurs robinets débitent une eau dite « potable », contaminée par la légionelle. Une situation indigne de la deuxième ville de France !


 


Imaginez un petit village français de 6000 habitants, dans la charmante campagne lozérienne ou ardéchoise, qui vivrait avec une eau potable…contaminée aux bactéries. Il est certain que les médias s'en saisiraient et que l'Etat s'affairerait à condamner les responsables. Hélas, pour ses habitants, ce petit village n'est pas à la campagne mais à Marseille, la deuxième ville de France. Ses habitants aux conditions de vie modestes n'ont que leurs petits moyens pour se défendre et leur sort n'est pas digne de la République.


Depuis plus de 7 ans, leurs robinets fait couler une eau impropre à la consommation. Quand ils ouvrent leurs robinets, non seulement ils ne peuvent pas la consommer mais aussi prendre de douche. Derrière cette affaire, 4 bailleurs sociaux : HER, Unicil, Logirem et Eurilia.


A bout, les habitants n'en peuvent plus. Associations de locataires, réunion, procès. Ils tentent par tous les moyens de demander réparation et surtout de retrouver le minimum de dignité que méritent ses habitants. « Il ne s'agit pas d'une histoire d'argent ou d'indemnité, nous explique Paul, un habitant du quartier. Il s'agit de se faire respecter. Nous sommes des citoyens comme les autres. Il y a des gens qui souffrent de maladies et il y a même eu un mort. ». Et les difficultés autour de l'eau ont d'autres conséquences, pour ses habitants qui payent pourtant leurs loyers. Moississures au mur, humidité, etc…


Aussi pour faire face à ses difficultés, les bailleurs sociaux ont mis en grande quantité du chlore dans l'eau. Seulement, vu les surdosages, les habitants sont malades du chlore dorénavant. Sans changer véritablement l'eau. Elle garde toujours une couleur saumâtre, là où les habitants du Vieux-Port ont une eau cristalline.Des analyses réalisées en avril et mai font apparaître « des cocentrations en légionelles très supérieures au seuil sanitaire », soit « une exposition à des risques sanitaires importants ».


Sans compter que se doucher et boire à la bouteille d'Evian a un coût. « Les gens ici sont de condition modestes, nous explique Fatima. Il travaille dur pour gagner leurs vies. Il y a des personnes ici qui n'ont pas les moyens d'acheter des bouteilles d'eau tous les jours. Même les douches, on a peur de les prendre ».


Le député France Insoumise des Bouches du Rhône, Jean-Luc Mélenchon en a fait une vidéo pour dénoncer ses agissements qui se déroulent dans la ville de Marseille. En juillet dernier, la préfecture a signé un arrêté mettant en demeure les bailleurs de la cité marseillaise de rémédier au risque d'expositon. Le préfet évoque les mesures mises en œuvre par les bailleurs mais soulignent qu'elles ne « suffisent pas » à réduire le risque. Les bailleurs ont jusqu'au 15 août pour identifier les points d'eau à risque et jusqu'au 31 août pour les équiper de filtres..