Mohammed Chouiter : « Le recrutement, c’est notre défi de tous les jours »
Le numérique, c'est 5,5 % du PIB français. Pourtant, les entreprises peinent à attirer les talents. Alors Mohammed Chouiter, CEO de Ilyeum, recrute au Maghreb.
Racontez-nous votre parcours…
Je suis né au Maroc, dans le nord-est, près de Oujda, près de la frontière algérienne. Je suis arrivé en France à l’âge de 15 ans, dans le cadre d’un regroupement familial. Nous nous sommes installés à Arras. L’école m’a beaucoup aidé, je crois que c’est ce que l’on appelle l’intégration républicaine (rires). J’ai intégré ensuite l’université de Lille, pour un parcours scientifique, jusqu’au DEA autour des télécommunications. Je me suis ensuite spécialisé dans le management du système d’informations. Dès le départ, je me suis intéressé aux nouvelles technologies, plus précisément à la data et à l’innovation.
Vous avez ensuite rapidement monté votre première entreprise…
Je ne trouvais pas ma voie dans les grands groupes pour lesquels je travaillais. Je me sentais à l’étroit, cet « esprit startup » me manquait. Et j’avais tout simplement besoin de me prouver des choses… J’ai lancé ma première entreprise, MCS, à 25 ans. Cinq ans plus tard, j’avais une trentaine de salariés, trois agences : à Bruxelles, à Luxembourg et à Lille. Puis j’ai vendu ma société en 2008. J’en ai ensuite créé une autre entreprise, Ilyeum, entièrement consacrée à la transformation digitale et à la data.
Aujourd’hui, vous recrutez une grande partie de vos ingénieurs au Maghreb. Pour quelles raisons ?
Aujourd’hui, l’enjeu majeur des entreprises françaises spécialisées, comme la mienne, sur l’innovation numérique est d’attirer les talents. Depuis 2010, c’est la crise. Il y a une réelle pénurie en matière de recrutement d’informaticiens. C’est notre défi de tous les jours. Pour faire face à cette pénurie, nous nous sommes naturellement tournés vers un recrutement à l’étranger, en particulier le Maroc et la Tunisie depuis 2011. Cela nous permet de trouver des ingénieurs passionnés autour des nouvelles technologies qui nous intéressent.
Il y a 5 ans, nous recrutions 20% de nos ingénieurs de cette manière. Aujourd’hui, cela représente au moins la moitié de nos recrues. Nous nous rendons donc régulièrement, une fois par trimestre, sur place pour ce recrutement. Nous assurons ensuite un accompagnement de nos ingénieurs, dans leurs démarches administratives, pendant toute leur période d’intégration. J’ai d’ailleurs recruté récemment un CHO, un Chief Happiness Officer, pour, entre autres, s’occuper de l’accueil de ces nouveaux ingénieurs.
Propos recueillis par Chloé Juhel