Un mouvement de boycott de l’enseignement de l’arabe paralyse plusieurs collèges et lycées
La gronde ne cesse d'augmenter dans les établissements scolaires de Kabylie. Des centaines d'élèves ont manifesté dans plusieurs villes de Kabylie, comme à Tizi-Ouzou, pour s'opposer à l’enseignement de l’arabe. Le mois dernier, des parents d’élèves avaient à l'inverse protesté contre la généralisation de l’enseignement du berbère.
Tout commence le 14 octobre quand les élèves du lycée Beni Zmenzer, à 110 km à l’est d’Alger, organisent dans leur établissement un mouvement de boycott de l’enseignement de la langue arabe. Mouvement qui se propage rapidement, atteignant plusieurs dizaines d’autres établissements scolaires de la Kabylie. En Algérie, l'ensemble des cours de l'enseignement primaire et secondaire sont prodigués en arabe.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux collégiens et lycéens ont diffusé des photos sur lesquelles on peut voir les protestataires brandir le drapeau berbère et des banderoles appelant à la suppression de l’enseignement de l’arabe.
Selon plusieurs médias locaux, le mouvement se veut une réponse à un sit-in organisé en septembre dernier par des parents d’élèves opposés à l'enseignement obligatoire de la langue berbère dans une école de la ville de Jijel, choisie comme établissement pilote pour la généralisation de l’enseignement de la langue berbère.
Les lycéens de Beni Zmenzer ont été donc les premiers à avoir refusé d'assister aux cours de la langue arabe. Ils ont été suivi ensuite par les élèves du lycée Abderrahmane El-Illouli de Larbaâ Nath Irathen qui ont brandi des pancartes où on pouvait lire: «refusez le tamazight, nous refuserons l'arabe!». Quelques jours plus tard, c'était le tour du lycée Khouas Ahcène, aux Ouadhias, de rejoindre le mouvement, clamant: «ma ulach tamazight, ulach, ulach, ulach [s'il n'y a pas le tamazight, il n'y aura rien d'autre, ndlr]»
En février dernier, la ministre algérienne de l’Education nationale Nouria Benghrebrit avait confirmé la généralisation de l’enseignement facultatif de la langue berbère dans l'ensemble des établissements scolaires publics (écoles primaires, collèges et lycées) du pays, pour la rentrée 2018-2019. Une annonce qui avait ravi les défenseurs de la langue berbère mais provoqué un tollé chez d'autres. Comme Naïma Salhi, la présidente du Parti de l'équité et de la proclamation, avait par exemple déclaré dans une vidéo publiée, en février 2018, sur son compte Facebook qu'«une langue qui n'en est pas une [la langue tamazight, ndlr], qui n'est pas porteuse de sciences et qu'on ne comprend pas à l'extérieur ne va pas nous servir. Qu'est-ce qu'on fera avec?».