La grève générale du 17 janvier est maintenue
C’est un camouflet pour le gouvernement Chahed. « L’entretien tenu ce mercredi matin entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, Noureddine Tabboubi n’a duré que 3 petites minutes et n’a porté ni sur les augmentations salariales ni sur l’annulation de la grève », apprend-on aujourd’hui mercredi via Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT.
"Le gouvernement n'a pas reçu le feu fert du FMI" a ironisé l'UGTT
Lors d’une conférence de presse tenue à Tunis, Tahri a ainsi considéré cet entretien comme une rencontre de complaisance. On peut penser que le mot est faible, dans la mesure où malgré tous les efforts déployés par l’équipe gouvernementale et Youssef Chahed en personne, celui-ci va subir une grève générale dont on sait qu’elle peut l’affaiblir politiquement.
Echec du dernier round de pourparlers
La réunion, qui s’était poursuivie hier mardi de 11h à 19h, avait pourtant vu l’UGTT faire une concession en acceptant les deux tiers de ce qu’avait été accordé aux employés du secteur public, soit une renonciation des augmentations d’une année pleine, tout comme il a été accepté de renoncer au versement des augmentations à partir de mai 2018 et d’accepter la date d’octobre 2018. Les augmentations en question sont comprises entre 136 dinars pour le corps de l’exécution et 180 dinars pour le corps des cadres.
Le gouvernement a pour sa part offert de payer l’augmentation en deux tranches, la première de 70 dinars à compter de décembre 2018 et la seconde de 110 dinars à partir de janvier 2020. Une proposition assortie d’une clause selon laquelle l’augmentation soit comptabilisée comme privilège fiscal, chose qui a été fermement rejeté par la délégation de l’UGTT, toujours selon Hefaidh.
« L’adoption de l’augmentation selon cette méthode pénaliserait des milliers de retraités et nous refusons d’accorder des acquis pour une catégorie au détriment d’une autre », s’est-il indigné.
Journée noire en vue : « le pays sera paralysé comme jamais »
Après quelques atermoiements ces dernières 48 heures et des rumeurs d’accord sur certains points de litige qui n’ont pas suffi, la grève générale dans la fonction publique et le secteur public sera donc bel et bien observée demain jeudi, et l’ensemble des agents de la fonction publique et du secteur public sont appelés à y prendre part, y compris ceux des cheminots et des transports en commun, a confirmé Tahri.
Une conférence de presse (vidéo ci-dessus) a été tenue en ce mercredi 16 janvier par les dirigeants de la centrale syndicale pour décliner divers points du rapport des négociations peu reluisant avec le gouvernement, puisqu’un seul et unique point y aurait été résolu. L’UGTT considère par conséquent que les négociations avec le gouvernement ont définitivement échoué.
Durant la conférence, Hfaiedh Hfaiedh a appelé le porte-parole de la présidence du gouvernement, Iyed Dahmani, à « cesser de propager de fausses informations », faisant allusion manifestement aux campagnes la diabolisation de la chambre syndicale, précisant que l’UGTT cherche les avantages des travailleurs et des retraités qui pourraient être privés des augmentations de la fonction publique si l’UGTT avait accepté en l’occurrence la proposition du gouvernement.
De son côté Sami Tahri a précisé que Iyed Dahmani n’aurait même pas assisté aux négociations entre le gouvernement et l’UGTT et ne serait arrivé qu’en fin de réunion pour prendre connaissance des conditions de la grève. Signe du mépris qui serait selon Tahri délibérément affiché côté gouvernemental, « le gouvernement était en réalité prédisposé à accepter la grève générale », conclut-il.
Tous les canaux de négociations ne sont pas coupés pour autant, puisque l’on apprend également que samedi 19 janvier 2019 aura lieu une nouvelle réunion censée marquer la reprise des pourparlers. Toute comparaison avec le meurtrier jeudi noir du 26 janvier 1978 reste donc relative.