Sommet arabe à Tunis, l’affiche de la discorde

 Sommet arabe à Tunis, l’affiche de la discorde

Panneau visible à l’entrée de la route de la Marsa


La 30ème session du Conseil de la Ligue des Etats arabes se tient à Tunis du 26 au 31 mars courant. Pas moins de six mille invités y sont attendus. Mais au moment où les préparatifs battent leur plein pour cette messe ostentatoire, un panneau fait polémique à Tunis, souhaitant spécifiquement la bienvenue au roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. Guerre des affiches ? Explications.



 


Quelque mille personnes représenteront la délégation saoudienne, aux côtés de 21 délégations officielles des pays arabes. Mais à quelques jours de la tenue du Sommet de la Ligue arabe, alors que certaines rues font peau neuve et que les artères principales sont ornées de drapeaux, d’affiches et autres tapis rouges, un panneau géant trône, visiblement loué par une organisation privée, qui ne laisse indifférents ni les passants ni les internautes, sceptiques face à tant de zèle, inhabituel dans le pays depuis la révolution de 2011.


A l’instar de Slim Meherzi, maire moderniste de la Marsa adepte de la com’ digitale non politiquement correcte, qui même si sa municipalité n’est pas directement concernée a vivement dénoncé ce qu’il considère comme de la propagande :


« En tant que Maire de La Marsa, je me désolidarise de telles affiches, indignes de notre pays. La Tunisie, ma Tunisie, ne sera jamais à la botte de gens qui ne respectent pas la dignité humaine. Notre pays vaut mieux que ça », a-t-il pesté sur les réseaux sociaux.


D’autres internautes dénoncent « la toute-puissance de l’argent » qui a rendu ce panneau possible dans la « Tunisie démocratique ».


D’autres encore, pour qui l’affiche s’inscrit dans une démarche de rancune et de réhabilitation, n’ont pas oublié que fin novembre 2018, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, alors en visite à Tunis dans le cadre d’une tournée dans plusieurs pays de la région, avait suscité le courroux d’une partie de la société civile locale, dont l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et le Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) qui avaient tous deux installé d’énormes affiches dans leurs sièges respectifs avec des slogans affirmant que le prince n’était pas le bienvenu (photo ci-dessous). L'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi est alors dans tous les esprits. D’où la réponse via une affiche tout aussi visible à des centaines de mètres à la ronde.  


 



"Non à la souillure du sol de la Tunisie de la révolution", pouvait-on lire sur l'affiche installée Avenue des Etats-Unis


 


Un programme chargé


Quoi qu’il en soit, le sommet particulièrement attendu en raison de certains enjeux dont la réintégration de la Syrie, qui y sera discutée, se fait sous très haute surveillance, via une « zone bleue » quadrillée. Dès demain mardi 26 mars une réunion préparatoire au niveau des hauts fonctionnaires se tiendra à l’imposante Cité de la culture, qui assure le plus gros des activités avec l’enceinte voisine des Palais des congrès.  


S’en suivront les réunions des délégués permanents ainsi que du Conseil économique et social au niveau des ministres des pays arabes, une réunion vendredi des ministres des Affaires étrangères, avant de passer aux choses sérieuses avec l’arrivée samedi 30 mars des chefs d’Etat, et la tenue du sommet en lui-même dimanche 31 mars.


 


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