El Haj Laamri, Au royaume des maths
Cet enseignant-chercheur, reconnu et décoré, travaille depuis 1992 au sein de l’université de Lorraine. Très attaché à son pays d’origine, il y revient plusieurs fois par an pour y donner des conférences sur les mathématiques, son domaine de prédilection.
Originaire de Benslimane, El Haj Laamri y est scolarisé en primaire et au collège, avant de partir à Casablanca pour ces années de lycée. Son bac S en poche, le jeune homme s’oriente dès lors vers un diplôme d’études universitaires générales (Deug) à la faculté des sciences de Rabat, avec une idée en tête : “devenir enseignant-chercheur”.
Ce choix le conduit en Lorraine et ne doit rien au hasard. “Nancy avait donné les deux premières médailles Fields (équivalent du prix Nobel en mathématiques, ndlr) à la France”, souligne-t-il. Ces excellentes références et les liens solides qu’entretiennent les universités locales et celle de Rabat achèvent de le convaincre.
“C’est toujours difficile pour un Marocain de venir en France, relève-t-il cependant. Surtout en Lorraine, où il fait froid.” Après avoir passé son doctorat, El Haj Laamri souhaite revenir au Maroc. Mais à la fin des années 1980, la situation est compliquée : “Les universités du Royaume avaient fait le plein d’enseignants. J’ai donc décidé de rester en France.”
Développer des liens scientifiques solides
En 1992, il obtient un poste de maître de conférences permanent à Nancy. Depuis, le Marocain partage son temps entre l’enseignement, la recherche et l’écriture de livres : sept ouvrages pédagogiques sont déjà parus, dont six en collaboration.
Bien installé au sein de l’université de Lorraine, El Haj Laamri n’en oublie pas pour autant le Royaume, avec lequel il garde des liens scientifiques solides. “Je rentre chaque année pour des conférences, notamment sur l’histoire des mathématiques”, témoigne-t-il. En avril 2018, l’enseignant-chercheur a monté à Marrakech le premier congrès franco-marocain de mathématiques appliquées, auquel il a invité des confrères de très haut niveau. Quelques années plus tôt, en novembre 2015, à la demande de l’Académie Hassan II des sciences et techniques, il avait également organisé une journée autour du grand mathématicien français Alexandre Grothendieck.
Promouvoir l’ouverture à l’international
En plus d’être régulièrement convié à des colloques pour y donner des conférences et/ou pour y être membre du comité scientifique, El Haj Laamri a actuellement deux priorités. La première : contribuer à la mise en réseau des mathématiciens marocains éparpillés dans le monde, afin de consolider la coopération avec le Royaume. La seconde : créer un master commun entre l’université de Lorraine et une université de son pays d’origine, avec, toujours, cette ambition d’offrir aux étudiants marocains une ouverture à l’international. En attendant que ce deuxième projet se concrétise, il en mène déjà un de front en Tunisie, où il est chargé d’un master commun à l’université de Lorraine et à celle de Sousse depuis 2015.
Responsable, depuis 2000, d’un cycle de conférences grand public intitulé “Sciences et société”, pour lequel la région Lorraine lui a décerné un prix en 2014, El Haj Laamri a également été nommé en 2017 chevalier des Palmes académiques.