L’UGTT met en garde contre toute augmentation des prix des produits de base
A trois semaines du début du mois du Ramadan, le climat social est électrique en Tunisie. Le secrétaire général adjoint de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Bouali M’barki, a réitéré l’appel au gouvernement à ne pas augmenter les prix des denrées de base subventionnées par l’Etat (pain, lait, sucre et œufs), considérant qu’une telle mesure qui viendrait s’ajouter à la toute récente hausse des prix des carburants, serait « de nature à provoquer des tensions sociales ».
« Il existe une corrélation organique entre coût du carburant et prix des produits de base transportés quotidiennement », a rappelé M’barki
Cette « menace à demi-mot » intervenait en marge de la réunion le 10 avril de la commission administrative de l’Union régionale du travail à Siliana, région agricole relativement défavorisée du nord-ouest du pays, afin d’examiner un certain nombre de dossiers dont celui ayant trait aux terres dites domaniales, des terrains qui s’étalent sur environ 151 mille hectares et qui procurent plus de 2000 emplois.
A cette occasion M’barki a mis en garde contre les « graves répercussions socioéconomiques » de la convention signée lundi dernier entre le ministère des Transports et l’Union du transport irrégulier, qui stipule une hausse de 8% dans les tarifs de cette catégorie de transport.
Le responsable syndical a ainsi expliqué que l’UGTT poursuit les négociations avec le ministère de tutelle afin de trouver une solution à cette majoration, soit par sa pure et simple annulation, soit en sollicitant l’intervention du Fonds des indemnisations, dans le but de rééquilibrer la situation. Il a également appelé le gouvernement à intervenir pour relancer les projets bloqués afin de créer un dynamisme économique, en particulier dans les régions de l’intérieur à l’exemple du gouvernorat de Siliana qu’il a qualifié de « région stratégique à fort potentiel », et en vue de créer un développement équitable.
L’affaire de la chevrotine encore dans tous les esprits
Haut lieu de la lutte syndicale depuis la violente répression dont elle avait fait l’objet en 2012 à coup de balles de chevrotine (une arme interdite par nombre de conventions internationales), Siliana est encore hantée par cet épisode, particulièrement depuis l’acquittement en 2017 du ministre Ennahdha de l’Intérieur de l’époque, Ali Larayedh.
A cet égard le secrétaire général de l’Union Régionale du Travail à Siliana, Ahmed Chafeii, a déclaré que la commission administrative examinera le dossier des évènements de la chevrotine et les « tentatives du contournement » dont il fait l’objet, notamment à travers la justice transitionnelle, considérant que l’acquittement de l’ancien ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, constitue une « manœuvre judiciaire ».
« L’UGTT est résolue à faire face à toutes les tentatives de diabolisation de l’organisation syndicale », qui cherchent à lui faire porter la responsabilité des agressions de Siliana, au cours desquels 136 personnes ont été grièvement blessées, a-t-il martelé.
S’agissant enfin des projets de développement à Siliana, Chafeii a indiqué qu’hormis l’avancement relatif des travaux de construction de la Cour d’appel et de la Société des transports, les autres projets se trouvent quasiment au point mort depuis 2015, à l’instar du projet de la voie ferrée reliant la délégation “Lakhaout” à Siliana-ville, ainsi que le projet de raccordement de la région au gaz naturel. Il a appelé à accélérer la création d’un hôpital régional dans la délégation de Makthar afin de réduire l’encombrement à l’hôpital régional de Siliana.
Rappelons que l’UGTT, nobélisée en 2015, et qui se penche actuellement sur l’élaboration d’un programme socio-économique exhaustif, entend toujours présenter un candidat à l’élection présidentielle de novembre prochain.
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