Hosni Maati : « Mon ennemi, c’est le racisme »
Le meurtre lors d’un vol à l’arme blanche en décembre de Falikou Coulibaly, le président de l’Association des Ivoiriens de Tunisie, l’a révolté. Cet avocat franco-tunisien a tourné, avec son ami réalisateur Malik Akiana, une vidéo mise en ligne fin janvier sur les réseaux sociaux, pour dénoncer la négrophobie au Maghreb.
Pourquoi avez-vous fait appel à différentes personnalités – l’ancien footballeur Lilian Thuram, l’acteur Reda Kateb, l’humoriste Samia Orosemane – pour dénoncer la négrophobie au Maghreb dans une vidéo ?
L’appel à des personnalités est nécessaire pour marquer les esprits. Il y a au Maghreb des héros du quotidien qui luttent contre les discriminations et qui ont, aujourd’hui plus que jamais, besoin de forces et de soutien. La mort de Falikou Coulibaly, le président de l’Association des Ivoiriens de Tunisie, a été un choc pour beaucoup de personnes. Il était au plus près du combat pour le respect de la dignité de tous. Sa mort tragique ne doit pas signifier la fin du combat, bien au contraire. Les personnalités ont été nombreuses à répondre à mon appel, elles étaient toutes d’accord, sans exception, et cela est réconfortant.
Est-ce qu’une vidéo peut changer les mentalités ?
Une vidéo, dans ce contexte, est nécessaire, mais loin d’être suffisante pour faire évoluer les mentalités au Maghreb ou ailleurs. C’est aussi par fierté pour ce que nous sommes que nous devons refuser de nous laisser aller à cet état d’esprit. Il faut sensibiliser sur cette question et ne pas en faire un tabou. Il en va de la dignité de tous. Si le Maghreb fait face à des difficultés énormes, la richesse du cœur ne doit pas être indexée sur le cours de la monnaie.
Que répondez-vous aux gens qui pensent qu’on ne doit pas parler de racisme entre Africains, car c’est se tromper d’ennemi ?
Je réponds que mon ennemi, c’est le racisme. Votre apparence et votre couleur de peau ne doivent pas être un prétexte pour qu’on porte atteinte à vos droits et à votre dignité. Comment rester insensible à ce que subissent certains d’entre nous ! C’est une question de cohérence avant tout. Nous devons, par notre attitude, démontrer que nous ne l’acceptons pas, sans attendre un nouveau drame pour le dénoncer. Au nom de nos valeurs et par fierté pour ce que nous sommes. Beaucoup de Maghrébins refusent d’être vus comme des racistes et c’est heureux. Seulement, il est temps de le démontrer par les actes et les paroles.