Migration : des files d’attentes devenues « invisibles »
Les préfectures sont-elles de plus en plus inaccessibles ? C'est ce que soutiennent des organisations d'aide aux réfugiés et personnes migrantes.
Dématérialisation
Le progrès technologique n'est pas forcément synonyme d'amélioration. Ce lundi (7 octobre), à l'Assemblée nationale, Edouard Philippe estimait que la « dématérialisation des procédures […] aidera à remédier [aux files d’attente nocturnes] ». Sauf que dans les faits cette dématérialisation est devenue l'outil d'un véritable obstacle à l'exécution d'obligations administratives, pour les étrangers notamment, puisque dans plusieurs préfectures d'Ile-de-France, il faut désormais prendre rendez-vous par internet pour déposer ou renouveler une demande de titre de séjour. Ce qui peut se révéler une véritable gageure.
Files d'attente invisibles
« De nombreuses personnes, déjà détentrices d’une carte de séjour, n’arrivent pas à se conformer à la loi en faisant renouveler leur titre à temps malgré leurs nombreuses tentatives de prise de rendez-vous, ce qui peut entraîner la perte de leur emploi et de leurs droits sociaux », dénoncent un collectif d'organisations de soutien aux réfugiés et personnes migrantes.
Pour le collectif, les files d'attentes, notamment nocturnes, sont devenues virtuelles et donc « invisibles ». Des attentes de rendez-vous pouvant aller de plusieurs mois jusqu'à un an, selon le collectif. Un véritable problème pour des personnes étant dans l'urgence de régulariser leur situation, sous menace d'expulsion. La dématérialisation maintient les plus démunis dans la précarité.
« Rematérialisation »
C'est pour cette raison que le collectif d'organisations de soutien aux réfugiés et personnes migrantes avaient mis en place hier (9 octobre) une journée régionale de mobilisation « pour faire valoir les droits des personnes concernées » : « nous demandons un accès effectif et gratuit aux services préfectoraux pour les personnes étrangères conformément à la loi. Les prises de rendez-vous par internet ne doivent être qu’une option parmi d’autres moyens pour avoir accès aux guichets ».
Deux actions principales avaient lieu hier. D'une part, 50 recours en justice déposés au tribunal administratif de Montreuil, et d'autre part, devant plusieurs préfectures d'Ile-de-France, l'organisation de la « rematérialisation » des files d’attente virtuelles et des actions variées. Des actions pour jeter un coup de projecteur sur la réalité du terrain alors que des discussions sur la politique migratoires avaient lieu cette semaine à l'Assemblée nationale puis au Sénat.