La culture, comme levier de développement
Désengorger les régions du Nord du Maroc et trouver d'autres fers de lance de développement en dehors du tout économique ! C'est ce que l'Ambassade du Maroc à Paris a voulu montrer en organisant une conférence sur le thème de la culture comme levier de développement. Autour d'un débat qui a duré 4h30, les intervenants et la salle ont pu mettre en valeur les ressorts et avantages que présentent la région en termes culturels et créateurs.
Si la Maison du Maroc sert d’hébergement pour les étudiants marocains, c’est aussi un lieu important de la culture marocaine à Paris, comme en témoigne l’exposition de l’artiste marocaine amazigh, Aicha Arji. C’est là qu’a choisi l’Ambassade du Maroc à Paris d’organiser une conférence sur le thème de « la culture, levier de développement pour les régions du nord ». Les intervenants de haute volée (Neila Tazi, sénatrice et présidente des industries culturelles et créatrices au sein de la CGEM, Ahmed Boukous, président de l’Institut Royal de la culture amazighe, Mohamed Mbarki, président de l’agence de l’oriental et de l’historien de Tanger, Rachid Taferssit) ont mené un débat de 4 heures avec une salle archi bondée.
Entrecoupée par les animations musicales des artistes comme Aicha Redouane, la spécialiste du Maqam, de Mohammed Rissani et Abderrahim Abdelmoumni, les intervenants ont pu mettre en avant ce qu’il manquait pour que la culture soit reconnu à sa juste place au sein du royaume.
Pour Ahmed Boukous, président de l'Institut Royal pour la Culture Amazighe au Maroc (IRCAM), on peut observer une naissance d'une culture pluridisciplinaire amazigh au Maroc. En témoignent les films dans la langue berbère qui ont vu le jour depuis une quinzaine d'années. Insistant sur la nécessité de la formation des artistes, notamment sur leurs droits, Ahmed Boukous a mis en avant le patrimoine archéologique du Maroc que ce soit les peintures rupestres, les découvertes de fossiles ou de météorites. Il s'est toutefois inquiété de la disparition de pans de la culture amazigh dues à la perte de langue, directement liée à l'exode rural des campagnes marocaines.
De son coté, Mohamed Mbarki, président de l 'agence de l'oriental a souligné le développement de la région du Nord avec les ports de Tanger Med ou de celui en cours de construction de Nador. Il a souligné la difficulté de parler de culture dans les sphères gouvernementales même si les activités culturelles permettent d'engendrer de nouveaux axes de développement. Ainsi, la publication d'un livre "Mémoires Juives de l'Oriental Marocain" a permis la rénovation d'une partie d'un village juif dans l'Oriental Marocain. Il a évoqué également la possibilité de coopération entre le nord de la France et la région minière de Jerada pour mettre en valeur le patrimoine minier de la région.
Forte de son succès avec le Festival Gnawa d'Essaouira qui a transformé la ville endormie de Mogador en centre d'attractions touristiques, Nelia Tazi a évoqué la possibilité pour les villes et les régions du Nord du Maroc, de faire de leurs cultures, les fers de lance du développement de la région. A la tête de la présidence des industries culturelles et créatrices de la CGEM, la sénatrice est revenue sur le rôle des Assises de la Culture, qui a permis déjà de baisser la TVA pour les activités culturelles. Enfin, l'historien Rachid Taferssiti est revenu sur le rôle de Tanger comme phare de la culture dans le Nord du Royaume et comme attrait pour le tourisme.
Si beaucoup reste à faire pour mettre en avant ces régions riches de leurs histoires et de leurs mélanges de populations, ces premiers pas peuvent créer, dans le long terme, une impulsion au développement par les voies culturelles et créatrices des régions du Nord.
Voir Aussi :
Nelia Tazi : "La culture peut être un levier de dévelopement"