Moody’s améliore les perspectives de la Tunisie, sans conviction

 Moody’s améliore les perspectives de la Tunisie, sans conviction


L’agence de notation Moody's annonce dans son communiqué la modification des perspectives économiques de la Tunisie de « négatives » à « stables », mais maintient cependant la note de B2, une évaluation peu flatteuse, issue de plusieurs déclassements consécutifs.


« L’amélioration des perspectives se fonde principalement sur le rétrécissement du déficit courant, l’amélioration du stock des réserves et la baisse du fardeau de la dette publique. Autant d’éléments qui ont sensiblement réduit le niveau du risque lié à la stabilité macroéconomique », relève l’agence.


Le gouvernement sortant de Youssef Chahed a beau se féliciter de la nouvelle en s’en attribuant le mérite, tout comme le redressement du cours du dinar à 3.08 dt pour 1 euro, meilleur taux de change depuis l’été 2018, l’agence tempère néanmoins ce léger mieux dans le même texte.


Expliquant le maintien de la notation à B2, Moody's estime en effet que « malgré la résilience des institutions tunisiennes et la réussite des politiques en matière de consolidation budgétaire et de stabilité des prix – la vulnérabilité externe demeure importante et les taux de croissance (réalisés et projetés à moyen terme) restent encore insuffisants pour instaurer une nouvelle dynamique socio-économique », tout en notant les risques sociaux et environnementaux auxquels fait face le pays.


Moody’s ajoute : « Ceci étant, une réduction significative et durable des déséquilibres extérieurs et budgétaires et une plus grande visibilité quant à la capacité de la Tunisie à couvrir ses besoins en financement, seraient favorables à une amélioration de la notation », recommande l’agence de notation.


 


Instabilité politique


Toutefois, la même source relève qu’une aggravation des déséquilibres et un retard dans la mise en œuvre des réformes, qui pourrait être imputables à « des raisons politiques » y compris l'incapacité à former un gouvernement, sont susceptibles de conduire à une dégradation au niveau de la notation souveraine.  


La décision de modification de la notation intervient suite à une revue sur place effectuée par Moody's au mois de novembre 2019, au cours de laquelle elle a effectué divers entretiens avec les autorités, les responsables de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), ainsi que la centrale patronale, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat.


Après bientôt quatre mois de vacance du pouvoir, une Tunisie sans gouvernement encourt le risque de nouvelles élections législatives anticipées, si un gouvernement n’es pas formé avant le 15 mars prochain.