Pénuries et rues fantômes : Tunis à l’heure du Coronavirus

 Pénuries et rues fantômes : Tunis à l’heure du Coronavirus

Certains rayons


Chaque jour apporte son nouveau lot de restrictions et de craintes de pénuries en Tunisie en ce premier jour de suspension des cours qui a tangiblement vidé les rues de la capitale et de ses quartiers jadis achalandés, aujourd’hui fantômes. Le point sur les répercussions concrètes affectant la vie des citoyens.


Petits commerces, cafés, restaurants, salles de sport… malgré le bilan de 7 cas de Covid-19 enregistrés officiellement à ce jour, le constat est le même pour les tenants des PME sinistrés : en dehors de quelques âmes téméraires, point de salut, les lieux publics se vident à vue d’œil, et avec eux les rayons des grandes surfaces, pris d’assaut en cette période déjà affectée par la frénésie des courses pré-ramadan.


 


300 dinars d’amende pour les fumeurs de chicha


La maire de Tunis Souad Abderrahim a tenu une réunion en ce jeudi 12 mars, conjointement avec la direction de la police environnementale, pour examiner plusieurs points relatifs à la prévention contre le Coronavirus.


Haut symbole identitaire des cafés de la ville, le narguilé ou « chicha » en est la première victime collatérale logique : la maire a ainsi rappelé la décision du conseil municipal approuvée hier mercredi de strictement interdire de fumer le narguilé dans les cafés et leurs terrasses, pour une durée d'un mois, renouvelable. Elle précise qu'une amende de 300 dinars (environ 120 euros) sera infligée aux contrevenants.


 


Arrivée de 833 voyageurs


Au même moment, on apprenait que le bateau « Tanit » de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) a accosté ce jeudi au port de la Goulette, en provenance de Marseille, avec à son bord quelques 833 voyageurs de différentes nationalités. 


Comment cela est-il possible malgré les restrictions en vigueur depuis quelques jours ? Il s'agirait là de l'unique traversée hebdomadaire, autorisée lors d'une réunion du conseil de sûreté nationale, mardi dernier, contrairement à ce qu’avancent les thèses de présence de cette embarcation en mer, antérieure aux nouvelles décisions.


Si l’on sait par ailleurs que « les mesures préventives contre le Coronavirus seront appliquées », celles-ci ne devraient consister qu’en une simple consigne invitant les voyageurs à l’auto isolement pour 14 jours, avec un vague « suivi des autorités sanitaires ».


 


La Libye bombe à retardement ?


Mais pour beaucoup de Tunisiens qui renouent avec la cohabitation avec les réfugiés libyens depuis l’intensification des combats autour de Tripoli, le danger est ailleurs. « La Libye est une véritable bombe à retardement pour nous. C’est l’anarchie là-bas, ni ministère de la santé ni suivi… Il faut fermer les frontières ! », lit-on notamment sur les réseaux sociaux.


Soucieux de donner le bon exemple au moment où les informations de contamination de ministres et hauts responsables se multiplient à l’étranger, le conseil des ministres à la Kasbah a modifié la disposition des sièges de sorte de laisser « une distance de sécurité » entre les ministres.


 


Humour noir à Sidi Bou Saïd


Pendant ce temps, au moment où 30 Italiens étaient expulsés par les autorités tunisiennes, ayant refusé les mesures de confinement, les riverains de la zone touristique de Sidi Bou Saïd ont constaté avec amusement l’arrivée de nombreuses caravanes italiennes de ressortissants italiens, vraisemblablement fuyant l’ennui de l’isolement très strict imposé depuis hier à l’ensemble du territoire italien. Des vacanciers accueillis aux cris facétieux de « bienvenue au Corona ! ».