Plusieurs églises contraintes de fermer par les pouvoirs publics
Plusieurs communautés chrétiennes d’Algérie ont vu leurs lieux de culte être fermés sous la pression des autorités. Si la liberté de conscience a été inscrite en 2016 dans la Constitution, elle fait l’objet d’une interprétation très restrictive dans les faits. Les chrétiens en particulier sont de plus en plus souvent empêchés de se réunir. L’un d’eux, condamné en 2016 pour « blasphème », a récemment vu sa demande de liberté conditionnelle rejetée.
L’Index mondial de persécution des chrétiens de 2017 place l’Algérie à la 36e place des pays où il est le plus difficile de vivre sa foi. La Tunisie se classe quant à elle à la 29e, tandis que le Maroc fait figure d’exception dans la région en n’apparaissant pas dans la liste des pays présentant le plus d’inquiétudes pour les adeptes de Jésus Christ.
Alors que les chrétiens tunisiens « sont persécutés par leur famille », selon une association de défense des chrétiens persécutés, le classement de l’Algérie est principalement dû à « multiples pressions de la part de l’État ». Plusieurs églises du nord de l’Algérie sont en effet en conflit avec le gouvernement, qui les accuse de violer la loi de 2006 qui réglemente le culte non musulman.
Cette loi stipule que le culte chrétien ne peut être rendu que dans un bâtiment religieux. Or, de nombreuses communautés se réunissent dans des locaux ou des appartements loués pour l’occasion. À Ait Bouadou, une église de 200 membres a été contrainte de fermer ses portes parce que la maison dans laquelle ils se réunissaient était destinée à un usage « résidentiel ou commercial », rapporte le site infochretienne.com. Selon la même source, plusieurs églises de Tizi Ouzou sont à leur tour convoquées, et une église de Mâatkas, au nord-est de la Kabylie, a été contrainte d’arrêter toutes ses activités.
Application de la loi ou persécution ?
« La majorité des églises affiliées à l’Église Protestante d’Algérie (EPA) sont dans la même situation. Elles louent des salles, des maisons pour célébrer le culte. Les autorités vont-elles envoyer de telles convocations à toutes les églises ? », se demande Mahmoud Haddad, le Président de l’EPA à laquelle sont affiliées la majorité des églises algériennes.
Des peines d’amende, voire d’emprisonnement, ont déjà été prononcées contre des associations ou des activistes chrétiens. Slimane Bouhafs, qui se définit comme « homme politique et chrétien évangélique algérien kabyle » a été condamné en septembre 2016 à trois ans de prison pour blasphème après une publication sur Facebook. Une peine considérée comme injuste par Amnesty International.
Sa demande de libération conditionnelle, faite par sa famille, a été rejetée par le tribunal début octobre malgré la détérioration de sa santé en prison.
Rached Cherif
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